LE PETIT NICOIS

Affaire Le Roux - Roger-Louis Bianchini : « Agnelet est un vrai pervers ! »

Qui mieux que Roger-Louis Bianchini peut commenter la disparition de l’héritière du Casino du Palais de la Méditerranée ? Écrivain spécialisé dans les affaires criminelles, il est l’auteur de « Agnès Le Roux, enquête sur la disparition d’une jeune femme riche ». Alors qu’il vient de publier son 8e ouvrage intitulé « Crimes sans cadavres », il réagit à l’actualité.


Le Petit Niçois : Êtes-vous surpris par le coup de théâtre survenu la semaine dernière à la cour d’Assises d’Ille-et-Vilaine ?


Roger-Louis Bianchini : De tels rebondissements ont toujours ponctué l’affaire Le Roux. La question qui se pose est donc la suivante : « Le procès est-il sous influence occulte ? ». On a parlé de la loge maçonnique du Grand Orient de France, dont Maurice Agnelet était un membre actif. Or, je pense que d’autres réseaux d’influence, bien plus inavouables que celui-ci, gravitent autour de cette affaire.


L.P.N. : Qu’est-ce qui vous permet de le penser ?


R-L.B : Comment expliquer que la cour européenne des droits de l’Homme ait tout à coup estimé que Maurice Agnelet n’avait pas bénéficié d’un procès équitable ? Il n’y avait strictement aucune raison. La procédure avait été respectée à la lettre !


L.P.N. : Comment l’expliquez-vous ?


R-L.B. : Agnelet doit probablement détenir des informations compromettantes sur certaines personnes haut placées dans la pyramide de la magistrature et en tenir d’autres par son argent. Son immense fortune n’a jamais été saisie. Dans cette affaire, tout tient dans le personnage d’Agnelet !


L.P.N. : À quel pan de sa personnalité faites-vous allusion ?


R-L.B. : Agnelet est un manipulateur désireux d’assouvir sa soif de pouvoir et de domination. Il a toujours ten-té de se faire passer pour un grand humaniste de gauche prenant part à des associations comme la Ligue inter-nationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). Mais on s’est très vite aperçu qu’il ne s’intéressait qu’au fric !


L.P.N. : Au-delà des apparences, Agnelet n’a jamais été un enfant de choeur…


R-L.B. : C’est est un vrai pervers, à la fois sur le plan intellectuel et sexuel ! Sa seconde épouse, Françoise Lausseure, a tout de même affirmé qu’à l’occasion de séjours en Tunisie, elle acceptait de l’attendre dans une chambre d’hôtel pendant que lui allait voir des …sur la plage !


N’oublions pas aussi l’affaire Goldstein. À la cour d’appel d’Aix-en-Provence, le 19 mars 1992, Maurice Agnelet est accusé d’avoir conservé à son profit une somme de 150 000 francs que lui avait confié un frère franc-maçon, avec pour mission de la remettre à la petite fille de ce dernier le jour de ses 21 ans, soit le 17 octobre 1985.


Pire, au cours de l’audience, on a vu surgir à la barre des témoins, un homosexuel avéré répondant au nom de Patrick Poivre qui avait hébergé Agnelet à Paris entre 1985-1986. On apprend alors que les deux hommes entretenaient une liaison.


Là, Agnelet déclarera à la barre qu’il avait osé poussé son propre fils aîné, à savoir Jérôme, dans le lit de cet ami qui finit par lui transmettre le virus du sida. Au procès, ce même Patrick Poivre fournira ensuite un document à la Cour : une carte postale signée Jérôme sur laquelle est inscrit : « Mes parents sont des assassins ».


L.P.N. : Guillaume Agnelet accuse son père d’avoir tué Agnès Le Roux en Italie près de Montecassino. Cette thèse vous paraît-elle plausible ?


R-L.B. : Grâce à divers témoignages, nous connaissons l’existence d’un projet de voyage en Italie. On sait qu’Agnès avait fait révisé sa voiture et qu’elle avait acheté une « carte verte » peu avant sa disparition. Ce document officiel lui permettait de circuler librement à l’étranger à une époque où l’Europe n’existait pas encore.


On retrouvera cette pièce au cabinet de Maurice Agnelet qui affirmera que c’est Agnès qui lui a donnée. Il s’est permis de mentir car il savait qu’Agnès ne reviendrait jamais pour le contredire. Ne perdons surtout pas de vue les quatre annotations portées de la main d’Agnelet dans sa collection de livres de la Pléiade, accompagnées des initiales « PM-PV », pour « Palais de la Méditerranée » et « Palais Vénitien ».


Plus sur-prenant encore, il y a la 4e formule inscrite dans un livre d’Hemingway dont la date correspond au jour qui suit le week-end durant lequel Agnès Le Roux a disparu. Hemingway était correspondant de guerre en Italie. Dans son livre, celui-ci évoque justement Monte Cassino. S’agit-il d’une coïncidence ? Je ne pense pas.


L.P.N. : Comment de telles preuves ne suffisent-elles pas à prouver la culpabilité d’Agnelet ?


R-L.B. : Il s’agit là de charges accablantes et non de preuves au sens strict. Agnelet n’avouera jamais son crime. Il est persuadé d’être le plus fort.


Article lié : Et si le cadavre d’Agnès Le Roux reposait sous le tarmac de l’aéroport de Nice ?


Photo : Le journaliste et écrivain Roger-Louis Bianchini couvre l’affaire Le Roux depuis ses prémices. © DR

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