Ils forment le tiquet gagnant de l’UMP-UDI dans le 3e canton de Nice. Une circonscription qui sera regardée, tant au plan local que national. Interview.

Dominique Estrosi-Sassone et Charles Scibetta se connaissent et s’apprécient depuis longtemps. Dans ce « canton » qui englobe toute la plaine du Var, les collines et le quartier des Moulins, c’est tout le périmètre de l’Opération d’Intérêt National (OIN) de l’Eco-Vallée qui est concerné. Dans ces conditions, le risque d’un score élevé du FN a fait reculer un conseiller général sortant, José Calza. Le champ semble libre pour le ticket Estrosi-Sassone/Scibetta. Retours croisés sur un duo qui fait beaucoup jaser le microcosme politique.
Le Petit Niçois : Dominique Estrosi-Sassone, vous êtes Sénateur et adjointe au maire, pourquoi cette candidature alors que vous êtes touchée par le cumul des mandats ?
Dominique Estrosi-Sassone : J’avais annoncé que je ne repartirai pas à cause de ce problème de cumul. Lors de mon élection sénatoriale, un recours a été déposé par mes adversaires qui m’a permis de rester au Conseil Général. A ce propos, ce recours portait sur mes comptes de campagne qui viennent d’être validés par le Conseil Constitutionnel. J’aime ce territoire qui englobe l’ancien 14e canton que j’ai gagné de haute lutte. Aujourd’hui, il y a un fort risque que le FN fasse un bon score, c’était mon devoir d’élue de me représenter. Christian Estrosi et Eric Ciotti ont estimé que j’étais la personne idoine pour conserver ce territoire à la majorité départementale. C’est l’intérêt général qui guide ma démarche. Si je suis élue au soir du 29 mars, je choisirai à quel endroit je peux être le plus utile mais à cet instant, seule la campagne compte et il faut la gagner. Ce que je peux vous dire, c’est que je ne serai pas candidate aux Régionales.
L.P.N. : Charles Scibetta, vous avez été élu maire de Carros sur une liste SE mais avec des colistiers du Front de Gauche. Aujourd’hui, vous êtes apparenté UDI. Pourquoi ?
Charles Scibetta : J’ai mon parcours, je ne le renie pas. J’ai commencé par militer aux Jeunesses Ouvrières Chrétiennes ( JOC) en Lorraine. Je me définis comme un humaniste chrétien laïque. Je suis né en Sicile, nous avons immigré alors que j’avais 3 ans, mon père est venu travailler dans les houillères de Forbach. Après les JOC, la logique, c’était le PCF. A Carros, j’ai été sur la liste de Jaboulet, un grand maire puis comme 1er adjoint de Damiani jusqu’au dernier mandat qui a consommé notre rupture. J’ai toujours conservé mon esprit critique et indépendant, très attaché aux notions de justice sociale. Cela fait plus de 10 ans que j’ai quitté le PCF. Ma liste à Carros était Sans Etiquette. J’ai accepté d’être apparenté UDI et de faire un ticket à deux parce que c’était Dominique Estrosi-Sassone et que c’est Christian Estrosi qui me l’a demandé. Je l’ai rencontré lors de la négociation du ticket à 1 euro et j’avais été l’un des rares responsables d’autorités de transport (Bus Var-Mer) à adhérer. J’apprécie l’homme, sa vision, son opiniâtreté. Il m’a nommé vice-président de la Métropole. Avec Dominique, j’ai défendu les mêmes dossiers sur la politique de la Ville et le logement. Elle est compétente et fait l’unanimité. C’est une amitié de 15 ans.
D.E.-S. : Notre amitié date de 2000, j’avais besoin de soutien, Carlo était là. En 2008, je l’ai alors soutenu lors des Municipales à Carros.
C.S. : Les étiquettes politiques sont dépassées, surtout dans des élections locales. Nous devons rassembler très largement, de tous les horizons.
L.P.N. : Y-a-t-il des tensions au sein de votre équipe municipale à Carros ?
C. S. : Depuis 6 mois, on travaille sur un projet d’intérêt général avec des gens de bonne volonté. Ils connaissent mon honnêteté, ma sincérité, mon intégrité. Je suis en retraite depuis septembre, je veux me consacrer entièrement à mes mandats au service des autres. Certains de mes colistiers m’ont dit qu’ils ne s’engageraient pas dans cette campagne Départementale mais à aucun moment, ils ont émis une défiance vis-à-vis de notre projet municipal. Notre majorité est unie. Je suis très serein.
D.E.-S. : Les colistiers de Carlo ont compris l’intérêt du binôme que nous formons, l’attrait de notre projet.
L.P.N. : Quel est votre projet justement ?
D.E.-S. : L’emploi, la recherche, le logement, l’agriculture, l’attractivité pour les entreprises. Sur la plaine du Var, il y aura à l’avenir tous les plus grands projets structurants de Nice et de la Métropole. Sur 10 000 ha, on va en aménager 450. Ce territoire doit rester à la majorité départementale.
C.S. : Nous devons porter ce territoire dans sa croissance verte qui va transformer la Côte d’Azur. Parallèlement, la ZI de Carros doit être densifiée tout en étant sécurisée sur le plan des risques naturels. Il faut un pôle multimodal à Carros. Avec Dominique, nous sommes administrateurs à l’EPA, l’organisme qui gère le développement de l’OIN de la plaine du Var, c’est un atout.
L.P.N. : Quelle est votre priorité ?
D.E.-S. : La proximité et l’humain. C’est ce qui a basé notre engagement politique à tous les deux. On veut apporter des réponses concrètes aux besoins des habitants en termes de logements, d’emplois, de propreté, de stationnement, de voiries, de sécurité...
C. S. : Par exemple, sur le Plan de Carros, nous avons un gros projet d’aménagement valorisant l’agriculture avec des Périmètres d’Attente de Projet d’Aménagement Global (PAPAG). On veut créer aussi un village innovant sur 10 ha avec une exploitation agricole et maraîchère exemplaire avec des oliviers, des vignes, des agrumes, un endroit qui se visite avec lieux de séminaires et de congrès. On a réglé le contentieux avec Gattières et le Broc. Les gens nous en sont reconnaissants. Je suis un homme de consensus avant tout.
L.P.N. : Quel est le programme maintenant ?
D.E.-S. : Nous venons d’ouvrir une permanence à Saint-Isidore, ce sera notre point de ralliement. Après, on va multiplier les réunions, rencontres, apéros, et quelques meetings publics. On va aller à la rencontre des élus, aussi, les écouter, connaître leurs besoins. Nous avons un bon binôme de suppléants avec Sylvie Servella, un grand nom de la plaine du Var et Philippe Norigeon, 1er adjoint au maire de Carros.
C. S. : C’est un prof de gestion de la Fac de Nice, expert près la cour d’appel d’Aix en gestion des entreprises, j’adore travailler avec lui. Il n’a pas d’engagement politique, c’est un humaniste chrétien, comme moi. Tous les quatre, nous sommes très unis.
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