LE PETIT NICOIS

David Lisnard : « Garder notre esprit frondeur ! »

Décidemment, la parole s’est libérée depuis la tragédie de Charlie Hebdo et il est vrai que David Lisnard, pour ses voeux à la presse, n’a pas pratiqué la langue de bois.

L’infaillibilité du pape, c’est un mythe ! ». Voilà les premiers propos du maire de Cannes qui n’a pas apprécié les dernières déclarations du Souverain Pontife à propos de la foi suite à la tragédie de Charlie Hebdo. Et il n’a pas choisi « La Sousta » au hasard, « c’est un endroit que je fréquente habituellement et que j’aime bien, avec un caféthéâtre avec des pièces toujours très drôles et irrévérencieuses ». Pour David Lisnard, le pire pour un journaliste, « ce serait de se censurer ».

Desproges à la rescousse de la démocratie…

Le ton est donné. Pourtant, on a parlé de thèmes récurrents et des plus normaux sur Cannes, la valorisation du Suquet « qui disposera de nouvelles résidences d’artistes mais nous allons aussi piétonniser le site en l’embellissant.

Actuellement, notre vieille ville n’est pas au niveau ». Il n’en oublie pas le stationnement et un accès garanti pour les riverains. Après, très vite, la discussion a glissé sur le drame de Charlie Hebdo et des 17 victimes. « La République redevient très concrète quand elle est attaquée ». Pourtant, que reste-t-il de tant d’émotions ? « Il nous faut concilier temps court et long, apporter une valeur ajoutée à l’analyse, ne pas passer d’un effet d’annonce à un autre… ».

David Lisnard est optimiste, « les gens sont intelligents… sauf exceptions ». Et de citer un texte de Desproges sur la démocratie, issu de ses « Chroniques de la haine ordinaire ». Il reprend pour le plaisir la conclusion du génial humoriste : « Quand au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver ». Le maire ajoute : « Une caricature n’a d’importance que celle qu’on veut bien lui donner. Quelle régression ! ».

Pour une agence de développement…

Garder cet esprit frondeur qui a fait la France, voilà le voeu le plus cher de David Lisnard. « La liberté est la plus belle conquête de l’homme après l’épagneul breton ». Encore du Desproges… Il a déjà mis en place des cours d’instruction civique en multipliant les rencontres entre des policiers et des écoliers cannois.

Pour ce qui est du culte musulman, force est de constater d’importantes différences entre la mosquée exemplaire de La Bocca et celle du centre-ville d’où est partie l’affaire Cannes-Torcy. Il a condamné l’imam qui a affirmé : « Ils ont franchi la même ligne rouge » (sic).

En mettant un dessin sur le même plan d’une tuerie, ce religieux s’est discrédité. David Lisnard, le jour même, a improvisé une cérémonie devant l’hôtel de Ville et il a brandi les caricatures de Charlie Hebdo. « Il ne faut rien lâcher face à ces terroristes. Ce n’est pas un choc de civilisation mais un combat contre l’intolérance et la bêtise ». Lui aussi s’est déclaré pour un service militaire national, la déchéance de nationalité, l’indignité nationale.

Revenant à Cannes, il veut faire de la lutte contre l’incivisme, sa priorité. Afin d’optimiser la promotion de Cannes, David Lisnard veut créer une vraie agence de développement chapeautant toute la politique touristique de la Ville. La cité du cinéma aura du mal à se faire : « Pour faire un projet à la hauteur du Festival de Cannes, il faut un investissement de 100 M€… ».

Chaque participant a pu repartir avec son jus de pêche blanche d’un exploitant local, une attention de terroir pour un homme politique qui revendique sa différence et un parler qui se veut toujours vrai.

Photo : ©DR

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