
Aurélie C., 20 ans, et Anthony G., 24 ans, se présentent à la barre, libres. Elles est prévenue pour l’avoir laissé conduire sa voiture alors qu’il n’a pas le permis et lui, pour avoir conduit, causé un accident avec un scooter (ce qui ne lui est pas reproché), menacé le scootériste et avoir tiré en l’air avec un pistolet chargé à balles réelles à 3 reprises, dans deux endroits différents du centre de Menton. Les faits se sont déroulés le 24 mars, et depuis, les deux jeunes gens sont sous contrôle judiciaire.
A la barre, Anthony G. est agité, il gesticule, se touche sans arrêt la nuque, se remet la chemise dans le pantalon, tripote la barre. La présidente lui demande de se calmer. C’est que le scootériste a filmé la scène avec son smartphone et que sur les vidéos, Anthony G. apparaît « en véritable crise d’hystérie », explique la présidente. Quand le conducteur de scooter a voulu faire un constat, il s’est heurté au refus d’Anthony qui serait sorti de son véhicule avec les 3 camarades qu’il transportait, qui l’aurait insulté avant de balancer son scooter sur le bas-côté.
Anthony serait parti mais le scootériste l’aurait suivi, le filmant avec son téléphone. Puis il y aurait eu ces menaces avec une barre de fer brandie, le scootériste se serait enfui avant de les retrouver quelques rues plus loin. Cette fois-ci, Anthony G. a un pistolet à la main, il fait feu en l’air. Une fois. La scène est également filmée par les caméras de la ville. La directrice de l’école maternelle Anne Franck donne l’alerte, apeurée de voir un individu armé près de son établissement. Ils remontent en voiture mais le scooter les suit toujours, puis Anthony s’arrête et refait feu, à deux reprises. « Il m’a cherché, c’est tout, mais je n’avais pas l’intention de le tuer ! ».
A la barre, les anciens amants ont un discours confus. Pour elle, « Je ne savais pas qu’il n’avait pas le permis, mais je n’aurais jamais dû le laisser conduire ; Je n’ai pas vu de barre de fer, et je ne savais pas qu’il avait une arme », et pour lui, « La barre était en plastique, puis en fer ; J’ai trouvé l’arme dans les feuillages, puis je l’ai jetée à la mer, mais en fait c’était dans un endroit à la montagne ». La présidente est excédée, elle demande aux prévenus d’arrêter de la prendre pour une imbécile et rappelle à la jeune fille que son père est policier et qu’il serait peiné de voir quel « comportement de voyou elle arbore devant la justice ! ».
Maître Dominique d’Orteli aura beau plaider l’agressivité passagère de son client, qui a compris la leçon et regrette amèrement son geste, il ne pourra éviter l’incarcération immédiate du jeune Anthony, condamné à 18 mois ferme. La jeune fille écope de 100 jours amende à 5 euros (si elle ne paie pas, elle effectuera 100 jours de prison). Certainement, le témoignage de l’un des passagers arrière de la voiture que conduisait Anthony a enfoncé le clou : « J’ai cru que j’allais assister à un meurtre » avaitil déclaré aux policiers.