LE PETIT NICOIS

Le cancer du sein : bientôt la fin ?

Pour mieux comprendre le cancer du sein, Le Petit Niçois est allé à la rencontre du professeur Emmanuel Barranger, Chef du pôle de chirurgie oncologique mammaire et gyné¬cologique. Voici tout ce que vous devez savoir sur ce fléau.

PR. EMMANUEL BARRANGER, CHEF DU PÔLE DE CHRIURGIE DU CENTRE ANTOINE-LACASSAGNE À NICE

Le Petit Niçois : Qu’est ce que le cancer du sein ?

Emmanuel Barranger : Le cancer est une maladie qui comporte des risques métastatiques, qui peuvent entraîner un décès. Il faut savoir que c’est le premier cancer chez la femme, il représente plus de 48 000 cas par an et est responsable de 12 000 décès par ans. À titre de comparaison, le 2e cancer chez la femme est le cancer de l’utérus avec 7 000 cas, qui entraîne 3 000 décès.

L.P.N. : Quels sont les signes avant-coureurs ?

E.B. : En dehors du dépistage, on peut le remarquer notamment avec la découverte d’une boule au niveau du sein, d’un écoulement au niveau mammaire, avec des douleurs ou bien une déformation de la poitrine.

L.P.N. : Le cancer touche-t-il une tranche d’âge précise ?

E.B. : Le pic le plus important est de 65 ans, c’est à dire la femme ménopausée. C’est pour cela que le dépistage est très important pour cette tranche de la population située entre 50 et 74 ans.

L.P.N. : Peut-on le contracter avant cet âge ?

E.B. : C’est plus rare, mais ça existe. On peut voir des femmes d’une trentaine d’années avoir un cancer du sein. C’est ce qu’on appelle des cancers de mauvais pronostiques, cela arrive également chez les femmes de plus de 80 ans.

L.P.N. : Qu’est-ce qu’un mauvais pronostique ?

E.B. : C’est lorsqu’il y a un envahissement ganglionnaire et un critère d’agressivité lors de l’analyse du cancer.

L.P.N. : Qu’est-ce que cela provoque ?

E.B. : Pour celles qui contractent un mauvais pronostique, il y a de plus gros risque de récidive et donc de décès. Elles doivent donc subir un traitement plus agressif, qui est un traitement par chimiothérapie pour la plupart des cas.

L.P.N. : D’où vient ce cancer ?

E.B. : Nous savons que seulement 5% sont des cancers du sein sont génétiques. Pour ce qui est des 95%, restant ce sont des découvertes sporadiques, c’est à dire au hasard. Il n’y a pas de facteur particuliers retrouvés. Cela peut également provenir de l’environnement ou bien de la nourriture. On peut le comparer au cancer de la prostate pour les hommes.

L.P.N. : Est-il facilement soignable ?

E.B. : Un cancer du sein diagnostiqué précocement, c’est-à-dire d’une taille inferieure à 1 cm, est dans 90% des cas curable grâce à un traitement adapté peu agressif.

L.P.N. : Quel genre de traitement ?

E.B. : C’est un traitement standard, c’est d’abord de la chirgurgie conservatrice, c’est à dire ne pas enlever le sein, avec simplemement une hormonothérapie. Le but est d’essayer d’éviter tout chimiothérapie inutile.

L.P.N. : Quels sont les différents traitements ?

E.B. : Il y a d’abord la chirurgie, qui englobe la plupart des traitements du cancer du sein. On peut l’associer à la radiothérapie, que l’on appelle les traitements locaux régionaux. La deuxième partie des traitements sont les généraux. C’est à dire l’hormonothérapie qui dure cinq ans et chimiothérapie qui est la plus lourde.

L.P.N. : La chimiothérapie est-elle efficace ?

E.B. : Oui c’est la plus efficace, mais on ne peut pas garantir la disparition totale des métastases ou la récidive. Mais on cible les patientes qui tirent bénéfice et profit de ce traitement. Quand c’est utile, les patientes l’acceptent mais parfois, la tumeur n’est pas chimiosensible, c’est à dire qu’elle répond pas ou peu au traitement. Il faut donc préférer l’hormonothérapie.

L.P.N. : Comment se déroule une chimiothérapie ?

E.B. : C’est une cure qui se déroule sur la journée ou la demie journée et qui doit s’effectuer toutes les 3 semaines pour un total de six séances.

L.P.N. : Y-a-t-il des probabilités de rechute après une guérison ?

E.B. : Tout dépend du type de cancer qu’a eu la patiente. Dans le cas d’un cancer agressif avec un envahissement ganglionaire, on sait que la rechute est beaucoup plus importante. D’où l’intérêt d’une surveillance rapprochée et annuelle pour détecter les rechutes.

L.P.N. : L’ablation du sein comporte-t-elle des risques ?

E.B. : Une ablation du sein signifie souvent reconstruction mammaire, par prothèse pour la plupart des cas. Le résultat esthéthique s’altère avec le temps. Les patientes sont loin d’être tranquilles avec une prothèse mammaire. Ce n’est pas le même sein, elles ont assez fréquemment des douleurs ou bien l’apparition d’une coque. C’est inesthétique et douloureux. C’est pourquoi nous ne recommandons pas la reconstruction mammaire à chaque fois.

L.P.N. : Que se passe-t-il lorsqu’on découvre qu’on a un cancer du sein ?

E.B. : Lorsqu’il à l’imagerie on découvre une anomalie radiologique, on convoque cette patiente pour réaliser des biopsies afin de connaître la nature de cette lésion. En fonction des résultats qui arrivent une semaine après, on planifie le traitement, qui est surtout chirurgical au départ.

On peut également faire d’autres examens complémentaires un peu plus poussés, pour savoir s’il n’y a pas de métastases... On le voit à l’agressivité de la tumeur, à l’âge de la patiente.. si elle a 30 ans, la tumeur sera beaucoup plus agressive que pour une personne de 50 ans.

L.P.N. : Existe-t-il des dépistages pour les personnes en dessous de la tranche d’âge ?

E.B. : Non il n’y a aucun dépistage avant cet âge là. Le cancer du sein chez la femme de 30 ans est très rare. Et les radiographies sont des radiations, si nous commençons à faire cet examen à un jeune âge, il y a des risques s’il est répété tout au long de la vie.

L.P.N. : Que ressent une femme atteinte d’un cancer métastasé ?

E.B. : Tout dépend de l’emplacement de la métastase. Les plus fréquentes sont osseuses, donc des probabilités de douleurs au niveau du dos, de la hanche. En ce qui concerne les métastases pulmonaires, qui sont le 2e cycle le plus fréquent du cancer, cela peut entraîner des difficultés à respirer, une augmentation de la toux.

Quant au 3e cycle le plus fréquent, qui est la métastase du foie, on le remarque par les yeux jaunes, par des douleurs au niveau du foie et de l’hypocondre. Mais si les patientes ressentent cela, c’est que le cancer est déjà à un stade très avancé.

L.P.N. : Les hommes également peuvent être atteints par ce cancer ?

E.B. : Oui, mais c’est extrêmement rare. Cela représente moins de 1% des cancers du sein. Il est très difficile à diagnostiquer car il n’existe pas de dépistage pour les hommes. C’est pour cela que le cancer du sein chez l’homme est beaucoup plus virulent car dépisté souvent tardivement.

Photo : ©DR

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