LE PETIT NICOIS

Qui aurait cru que s’enfermer dans une cabine glaciale aurait des vertus thérapeutiques ? C’est pourtant ce que prouve Jean-Jacques Pomatto avec CryoNice. Il y a moins d’un an, ce médecin a installé à Nice la première cabine de cryogénie de France destinée au public. Située dans les locaux de CryoNice, 2 rue Déroulède, cette thérapie par le froid fait fureur depuis son installation.

La congélation pour tous…

L’idée de cette machine n’est pas nouvelle en France. Mais jusqu’alors, celle-ci était réservée aux sportifs. « Je m’occupe de l’équipe féminine de handball de l’OGC Nice, les sportives utilisent souvent cette thérapie pour améliorer leur résultat et atténuer les douleurs inhérentes à l’intensité des matches ». Utilisée pour soigner les douleurs liées à une activité extrême, cette cabine a été adaptée pour les malades et souffrants. Déjà implanté dans les pays de l’Est comme l’Allemagne ou la Pologne, ce sas est une grande première sur notre territoire.

Dotée d’un grand espace, cette « chambre polaire » a assez de place pour accueillir deux personnes à l’intérieur. De quoi convaincre les moins rassurés d’entre vous. De plus, elle n’utilise pas d’azote liquide comme la plupart des cabines en France, mais de l’électricité, grâce à une machine sophistiquée, qui produit une température extrême.

Un froid qui vous veut du bien

Le but de cette congélation est de créer un choc thermique. En trois minutes, le corps humain subira une telle chute de température cutanée que tout le système régénérera les cellules de votre organisme. En plus de provoquer cet effet, l’exposition au froid extrême a des propriétés anti-inflammatoires et permet même de soulager des patients atteints de pathologies plus graves. « Certains patients atteints de sclérose en plaques ne prennent plus de morphine depuis qu’ils ont commencé la cryothérapie.

C’est un vrai soulagement pour ces personnes. » explique Jean-Jacques Pomatto. De plus, la lutte du corps pour essayer de maintenir le cerveau et le coeur au chaud, permet de perdre entre 500 et 800 calories en seulement trois minutes. Un régime miraculeux qui verra, selon les dires du médecin, « bientôt le jour sous divers formes et produits dérivés ».

Les différentes étapes

Même si cette thérapie est tout à fait inoffensive, les médecins ne souhaitent prendre aucun risque. Il faudra d’abord passer un entretien pour parler de diverses contre-indications (problèmes cardiaques, femmes enceintes etc.).

Après cette discussion de routine, une assistante prendra votre température cutanée et vous présentera l’équipement à mettre avant de rentrer dans la cabine. N’ayez aucune crainte, l’assistante restera tout au long de l’immersion et la porte du sas n’est pas fermée. Une simple pression de la main permet l’ouverture de la cabine.

Trois minutes à -81°

Après avoir demandé plusieurs fois sur le ton de la plaisanterie si ce n’était pas dangereux, si je n’allais pas mourir congelé où d’une crise cardiaque, je décidais de me lancer dans cette aventure. Muni d’équipements spéciaux (gants, chaussettes, pantoufles, masque et bandeau pour oreilles) le docteur Pomatto et son assistante m’ont ouvert la porte vers le pôle Nord.

La première sensation qui survient est alors l’intensité du froid. -80°, on ne se doute pas à quel point cela peut être… revivifiant ! Cette piqure de rappel nous glace littéralement le sang. Une fois être rentré dans cette machine, je pris mes aises, essayant tant bien que mal de gérer une petite crise d’angoisse.

Après avoir repris mes esprits je m’amusais à m’imaginer dans un congélateur. Les trois minutes parurent à la fois courtes et pourtant très longues. Le fait de se trouver dans un environnement inhabituel déstabilise quelque peu.

J’ai même eu le temps d’apercevoir quelques poils de bras qui commençaient à givrer. Au bout de quelques secondes, ce froid intense ne se sent plus et l’on commence à apprécier cette situation saugrenue.

De 35° à 17°

Trois minutes plus tard, je ressortais, complètement frigorifié. Premier réflexe du médecin, prendre ma température cutanée. De 35°, mon corps est tombé à 17° en seulement trois minutes. Le plus intéressant lors de cette thérapie, ce n’est pas seulement l’immersion dans le blizzard, mais aussi le regain de chaleur à la sortie. Un sentiment de bien-être survient alors durant une vingtaine de minute. La tête vidée, soulagé d’être sorti avec tous mes doigts de pied et anesthésié par le froid, je commençais à redescendre sur terre.

Les tremblements s’arrêtent dès le premier pied posé hors du caisson, ce qui permet de profiter pleinement de ce regain de santé.

Pour ma part, je n’avais aucun problème de santé. Ni douleur ni maladie. Je ne peux donc dire si cette thérapie est efficace puisque mon utilisation était exceptionnelle. Néanmoins, la régénérescence des cellules et le redémarrage du corps se fait sentir et procure un bien-être durant le reste de la journée. Ironiquement, cette thérapie ne vous laissera pas de glace.

Photo : La porte transparente permet d’éviter la sensation de claustrophobie. ©B.D.