LE PETIT NICOIS

Alexandre Zapolsky : l’entrepreneur libre

Directeur général de la société de services Linagora, Alexandre Zapolski est venu jeudi dernier à Grasse pour tenir une conférence sur les logiciels libres. L’occasion d’évoquer son voyage à San Francisco avec François Hollande, où ils ont inauguré la french tech hub afin de permettre aux entrepreneurs français de s’implanter dans la Silicone vallée à moindre coût.


Le Petit Niçois : Tout d’abord, qu’est-ce que le logiciel libre ?


Alexandre Zapolsky : C’est un logiciel que l’on peut utiliser, modifier et partager librement. La seule condition est qu’il doit être gratuit. Pour les plus connus du grand public, on peut citer Open office, VLC ou encore Firefox. À Linagora, nous sommes spécialisés dans la fabrication de logiciels libres et nous sommes l’un des grands fournisseurs Français pour le marché des entreprises.


L.P.N : Pourquoi faire un tour de France du logiciel libre ?


A.Z : Même si nous sommes une entreprise parisienne, nous sommes présents dans la région puisque nous avons un collaborateur à Nice. Nous avons fait le constat suivant : à chaque fois qu’il y avait un événement sur le logiciel, cela se passait à Paris. Et on s’est dit que dans l’esprit du logiciel libre, il fallait faire partager ça à tout le monde.


L.P.N : Comment survit une entreprise qui fabrique des logiciels gratuits ?


A.Z : Quand un entreprise s’interroge sur son équipement, elle va soit s’orienter vers du logiciel payant type Microsoft, soit choisir de bâtir son système informatique à partir de logiciels libres. Dans ce cas, elle pourra faire appel à une entreprise comme la nôtre afin d’intégrer au mieux les logiciels, mais aussi pour assurer le support et la maintenance.


L.P.N : Peut-on trouver une alternative à chaque logiciel ?


A.Z : Oui, à la place de Microsoft exchange on peut utiliser OBM, une solution de messagerie très performante qui est utilisée par la moitié des administrations Françaises. On a aussi Linkshare, un logiciel de partage de fichiers qui remplace Dropbox et qui a l’avantage de stocker vos fichiers sur votre serveur ou en France plutôt qu’à l’autre bout du monde. On peut aussi utiliser Samba comme serveur de fichier ou encore Ubuntu à la place de Windows.


L.P.N : Ces solutions ne sont-elles pas plus compliquées que sur les logiciels payants ?


A.Z : J’utilise le système Linux depuis 15 ans et je peux vous dire qu’aujourd’hui c’est ce qui se rapproche le plus du système d’exploitation le plus populaire : Windows Xp. Au final, les gens seront moins perdus sur Ubuntu que sur la dernière version de Windows. Au niveau de l’installation et de la mise à jour, tout cela est devenu extrêmement simple et la communauté est très présente, même au niveau régional [1].


L.P.N : Quel est l’avantage en terme de coûts ?


A.Z : Par exemple, l’outil principal qui permet de fabriquer des sites facilement est gratuit. Il s’appelle Drupal [4] et tous les sites gouvernementaux et les grandes compagnies l’utilisent. Si j’étais un commerçant ou un créateur de start-up niçois, je ferais mon site avec Drupal ou ma e-boutique avec Drupal commerce car une boutique en ligne de qualité, cela peut atteindre facilement les 50 000 euros.


L.P.N : En tant que créateur de la french tech hub, vous avez accompagné François Hollande aux Etats-Unis. Comment cela s’est passé ?


A.Z : C’était très intense et, à mon sens, cela a été un véritable succès. Pour l’avoir vécu de l’intérieur, j’ai été bluffé par l’accueil qui a été réservé au Président. Il y a eu des moments marquants, comme lorsqu’il a serré dans ses bras Carlos Diaz, le patron des pigeons, et j’ai été marqué par l’enthousiasme des gens de la Silicone vallée. Il était comme une rock star, tout le monde voulait se prendre en photo avec lui alors que les gens là-bas ne le portaient pas particulièrement dans leur coeur. Il a vraiment su les retourner grâce à son discours.


L.P.N : Vous êtes-vous entretenu avec lui ?


A.Z : Oui, j’ai pu lui exprimer la solidarité des entrepreneurs du numérique et plus particulièrement ceux du logiciel libre car jamais un gouvernement n’a été autant à l’écoute de notre filière. Pour nous, c’est un bon président. Je lui ai d’ailleurs remis un pingouin, emblème de Linux.


L.P.N : Que va-t-on tirer de cette visite ?


A.Z : Beaucoup de choses. Je pense qu’il y aura un avant et un après San Francisco. Déjà, c’est la fin de l’épisode désastreux des pigeons. C’est la réconciliation du président et des entrepreneurs, d’autant que la délégation était composée de PME et de PME innovantes. Aussi, la presse n’en a pas beaucoup parlé mais le Président a évoqué le retour des bons de souscription de parts de créateur d’entreprise. Et ça, c’est une vraie bonne nouvelle.


[1] Pour plus d’informations : www.linux-azur.org


Photo : Avec Linagora, Alexandre Zapolsky emploie 150 personnes. Son entreprise a réalisé 30% de croissance chaque année depuis deux ans. ©DR

Sur le même thème

Pratique