Depuis que la Ville de Nice a décidé de reprendre en 2008, les fouilles archéologiques sur son territoire, des découvertes importantes de son passé ont été révélées. Cette année, c’est surtout l’ancien cimetière qui est au centre des interrogations des chercheurs. En attendant de découvrir l’emplacement de Nikaïa ?
La colline du Château de Nice n’a pas fini de nous surprendre. Et surtout, de nous en apprendre sur le passé de la capitale azuréenne. Comme tous les étés depuis 2009, la Ville de Nice organise sur l’esplanade principale, des fouilles archéologiques à l’emplacement des vestiges de l’ancienne cathédrale menées par des professionnels mais aussi des bénévoles venus de toute la France. Des recherches sont fructueuses selon Marc Bouiron, chef du service archéologique de la Ville : « Petit à petit, on arrive à dégager les différents vestiges qui n’ont pas été déjà fouillés (des fouilles avaient déjà été réalisées au XIXe et au XXe siècle), et plus particulièrement à l’emplacement de l’ancien cimetière ».
Un lieu qui selon l’archéologue « a peut-être été actif pendant 1000 ans ce qui rend les fouilles compliquées ». Un travail important a été réalisé dans ce secteur cet été et les découvertes ont été à la mesure des attentes. « On a dégagé des tombes sans doute du XIIe siècle qui utilisaient des techniques funéraires, comme le recouvrement des tombeaux par des tuiles, qui dataient de l ‘antiquité. Comme les tuiles utilisées... ». Si pour nous autres profanes, cela peut paraître un peu flou, cette révélation a une réelle signification en réalité. « C’est quelque chose que l’on commence à redécouvrir dans plusieurs lieux en Provence. Cela veut dire qu’il y a eu un retour à la période antique avant la Renaissance. Une volonté de s’afficher en filiation avec l’Empire Romain dès le XIIe siècle. C’est une découverte très importante et novatrice ».
PRÉSENTATION EN 3D À VENIR
En parallèle de ces recherches, les services d’archéologie travaillent également sur l’ancienne cathédrale et notamment ces maçonneries. « Nous allons essayer de restituer en 3D, la cathédrale dans ces différentes phases d’évolution. Elle a été construite au Ve siècle à une époque paléochrétienne, et reconstruite au XIe puis une nouvelle fois autour du XVIe siècle. Cela nous permettra dans un premier temps de voir si nos hypothèses sur l’édifice étaient bonnes, mais aussi dans un second temps de présenter au public ce monument dont il ne reste plus que des vestiges d’en avoir une vision complète ». Cette présentation fait partie intégrante de la future mise en valeur de la colline du Château voulue par la Ville.
Mais les recherches ne sont pas terminées pour autant. Dès l’année prochaine, de nouvelles fouilles seront entreprises, cette fois au nord de l’emplacement de l’ancienne cathédrale. Un lieu encore inédit pour les scientifiques.
BIENTÔT LE CASINO JETÉE-PROMENADE
Mais selon Marc Bouiron, le site de la colline du Château n’a pas fini de nous dévoiler quelques-uns de ses secrets. « Il existe sans doute des éléments plus anciens sur le site. De l’antiquité, mais aussi antérieurement, de l’Age du Bronze ou de la Préhistoire. Donc, il est peut-être possible dans les parties les plus profondes du site de trouver des traces de l’Homme préhistorique ». Une autre preuve après Terra Amata de l’occupation par l’Homme de notre territoire depuis les temps immémoriaux. Autre question brulante à laquelle ces fouilles pourraient répondre : La localisation précise de Nikaïa. Citée grecque ancêtre de Nice. « Aujourd’hui il n’y a pas moyen de savoir de façon précise où Nikaïa a été fondée, ici sur la colline du Château ou de l’autre côté du bassin Lympia. Les historiens se disputent sur sa localisation » explique Christian Estrosi.
Pour Marc Bouiron « On ne saura la réponse que dans quelques années. Il faut encore poursuivre les fouilles de la cathédrale en profondeur. Ensuite il faudra demander l’accord du ministère de la Culture pour poursuivre nos recherches…. Mais c’est notre objectif ». Le maire de Nice a aussi profité de l’occasion pour révéler que l’année prochaine de nouvelles recherches seraient réalisées, mais dans un autre site nettement plus humique cette fois, celui du casino de la Jetée-Promenade. « Nous irons sous l’eau pour faire des fouilles de reconnaissance afin d’avoir une traçabilité parfaite des deux casinos qui ont été construits. Il reste des vestiges extrêmement importants, cela nous permettrait de retrouver des pièces particulièrement intéressantes de la vie de cette période » a conclu Christian Estrosi qui attend beaucoup de ce chantier qui pourrait se révéler « historique »...
Photo : Professionnels et bénévoles travaillent sur le site de la colline du Château
