Boulel L., 20 ans, assez grand et massif, entre dans le box, le regard tourné vers ses parents, son frère et sa soeur, installés dans la salle, un regard noir, il sait qu’il risque gros.
Il encourt 10 ans de prison. En détention provisoire depuis le 24 juillet, il est déjà passé devant le juge et a demandé un délai pour préparer sa défense. Délai écoulé, le revoilà dans le box derrière son avocate, face au tribunal.
Il a été interpellé à Nice le 24 juin par les services de douanes des Alpes-Maritimes alors qu’il circulait au volant de sa 307, route de Bellet, à 15 heures. Un contrôle de routine qui s’est avéré payant pour les douaniers : au total, 111 grammes de cocaïne seront retrouvés, planqués un peu partout dans le véhicule (derrière le volant, sur le tableau de bord…). Et, dans le coffre, ils découvriront une balance de précision avec des traces de poudre blanche ainsi que 7 téléphones portables, dont le sien.
« Je devais livrer la drogue contre 100 euros »
La présidente Laurie Duca lui demande de s’expliquer : « C’est ma voiture, mais je la prête à plusieurs potes. C’est vrai que je savais qu’il y avait de la drogue parce que ça faisait deux jours que je la gardais en attendant qu’on m’appelle, mais là, j’allais juste voir ma copine ». À la question de la présidente : « Pourquoi et pour qui avez-vous fait ça ? », le jeune garçon répond qu’il devait être payé 100 euros et qu’il ne dénoncera personne de peur des représailles.
Il a abandonné son BTS comptabilité en cours d’année et ne voulait plus demander d’argent à ses parents qui venaient déjà de financer sa voiture.
Il habite dans le quartier des Moulins et a voulu « rendre un service ». Pourtant, le service des douanes, partie civile au procès, a clairement l’impression que le prévenu n’en est pas à son coup d’essai : « 111 grammes de cocaïne, chiffrés à 75 euros le gramme, a minima, ça fait 8 325 euros de marchandises et, nous semble-t-il, de telles quantités ne sont jamais confiées à des novices ».
« 15 Mois de prison ferme et 8 325 euros d’amende »
Pour la défense de Boulel L., Maître Audrey Vazzana plaidera au contraire : « Ce n’est pas un professionnel ! Quelqu’un qui serait habitué de ce genre de trafic ne prendrait pas le risque d’aller voir sa petite amie à Bellet avec 111 g de cocaïne dans la voiture, en plein jour ! Il a certes fait un mauvais choix en acceptant de garder cette marchandise, mais il n’y a pas d’éléments au dossier qui permettent de le qualifier de délinquant d’habitude ».
Le jeune homme qui avait essuyé, 1 mois plus tôt, une condamnation à 6 mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pour des violences en réunion, n’a pas réussi à convaincre le tribunal de sa volonté de s’en sortir, malgré une attestation de sa soeur qui réside à Paris et qui souhaite l’héberger pour qu’il « sorte de ce milieu ». Il a été condamné à 15 mois de prison ferme et une amende douanière de 8 325 euros. Il est reparti pour la maison d’arrêt. Sa mère pleurait. n
