LE PETIT NICOIS

Camille Muffat : Bien plus qu’une championne !

La Niçoise Camille Muffat, championne olympique de natation à Londres en 2012, a disparu, lundi 9 mars 2015, dans un crash d’hélicoptères en Argentine, où elle participait au jeu de TF1 « Dropped ». La mort brutale de cette jeune femme de 25 ans plonge tout un pays, toute une ville dans la consternation et la tristesse.

Le 16 février dernier, sur la scène du Palais Acropolis, la jeune retraitée Camille Muffat recevait l’homage de la ville de Nice lors de la cérémonie des Victoires du Sport. Après la projection sur écran géant d’un film sur sa vie et sa carrière, l’ancienne nageuse recevait des mains de Christian Estrosi, l’un de ses plus fidèles supporters, un trophée réalisé par un artiste niçois, venant récompenser ses exploits au fil de ses 10 années de carrière au plus haut niveau international. Clin d’oeil du destin, Camille assiste ce soir-là, le regard à la fois ému et amusé, au sacre de « sa petite soeur » de l’ONN, Charlotte Bonnet, désignée meilleure sportive 2014.

Caractère bien trempé

Camille Muffat rejoint, à l’âge de sept ans, le club de l’ONN et sa section natation. Très vite, Richard Papazian, manager du club niçois, décèle des qualités chez cette jeune sportive, et fera tout, avec le soutien du président Jean Monnot, pour l’accompagner au plus haut niveau. A 15 ans, en 2004, elle marque pour la première fois les esprits en décrochant un premier titre national.

Mais c’est en 2005, lors des championnats de France à Nancy, que Camille se révèle aux yeux du grand public en dominant, sur le 200m 4 nages, une certaine Laure Manaudou, championne olympique un an plus tôt à Athènes. « Non, je n’ai pas été surprise… enfin un peu quand même, je savais que je pouvais réaliser des bons temps mais de là à gagner le titre » nous avait confié Camille. La carrière de la talentueuse niçoise est lancée.

Même si elle sera quelque peu perturbée par cette concurrence que tenteront d’installer certains médias entre Laure Manaudou, icône médiatique, et Camille, jeune adolescente relativement timide et froide au premier abord et peu habituée à cette agitation. Différentes, les deux immenses championnes de la natation française ne deviendront jamais de grandes copines mais se respecteront au fil de leurs exploits dans les bassins. L’ancien coach de Laure Manaudou, le charismatique Philippe Lucas, ne tarissait pas d’éloges sur Camille et lui avait prédit très tôt une destinée olympique. Il avait même tenté de la recruter. En vain. Camille Muffat n’a jamais voulu quitter son coach Fabrice Pellerin.

Camille et Fabrice, Fabrice et Camille…

« Je pense que c’est important de savoir pourquoi on se lève. Et si on a des objectifs en tête, ce n’est pas un problème de se lever et d’aller à l’entraînement ». Toute l’envie de réussir et la détermination de Camille sont résumées en ces mots. Ce n’était pas toujours facile chaque matin d’aller plonger dans le bassin de la piscine Jean Bouin, ou celui plus petit de Thiole, pour enchaîner les longueurs mais Camille ne rechignait jamais à la tâche.

Une détermination sans faille. Le tout, sous le regard aiguisé de son coach de toujours Fabrice Pellerin. « Je pense que l’addition de nous deux donne autre chose que chacun à part » nous avait raconté l’emblématique coach de la section natation de l’ONN. Le « couple » a parfois traversé des tempêtes mais Camille a toujours souhaité rester fidèle à son entraîneur. Un plaisir partagé. « J’ai toujours eu du plaisir à accompagner Camille dans son parcours.

Pas plus le premier jour où j’ai commencé à l’entraîner qu’après son titre olympique », nous avait dit Fabrice. Cet entraîneur reconnu a appris la tragique nouvelle alors qu’il se rendait comme chaque jour au nouveau bassin olympique pour diriger une séance d’entraînement.

Londres 2012 : Le sommet de sa carrière

De ses premières olympiades, à Pékin, en 2008, Camille Muffat était repartie frustrée et l’esprit déjà tourné vers Londres 2012. Au niveau individuel, la Niçoise n’avait pas réussi à se qualifier pour les finales du 200m 4 nages et du 400m 4 nages. Et avec le relais, elle avait flirté avec le podium olympique. Quatre ans plus tard, la jeune fille de 19 ans s’est affirmée et fait partie des locomotives de la natation française. Nous sommes le 29 juillet 2012.

Cela fait toute juste quarante huit heures que la flamme olympique brille dans le ciel londonien. C’est l’heure de la finale olympique du 400m nage libre femmes. Camille Muffat se présente sur son plot de départ, le visage fermé mais déterminé. Après 4min1sec45’’ d’efforts intenses, la nageuse niçoise s’offre la médaille d’or olympique. La première médaille de la délégation française aux Jeux de Londres ! Le cinquième titre olympique de la natation française ! C’est l’euphorie dans les rangs du camp niçois présent dans les tribunes du bassin olympique.

Et ce n’est pas fini ! Le lendemain, Camille Muffat récolte une nouvelle médaille. D’argent cette fois et sur la distance du 200m nage libre, derrière l’américaine Schmidt. Elle concluera ses JO avec une médaille de bronze obtenue avec le relais 4x200m. À ses côtés sur le podium, sa copine d’entraînement Charlotte Bonnet. Camille revient à Nice avec trois belles médailles.

Envie de passer à autre chose

Après les JO de Londres, la native de Nice avait participé au cours de l’été 2013 aux Mondiaux de Barcelone mais sans connaître la même réussite qu’à Londres. En Catalogne, Camille s’était offert tout de même deux nouvelles breloques en bronze. De retour d’Espagne, Camille avait repris le chemin des bassins mais en réduisant l’intensité kilométrique de ses séances d’entraînement.

Difficile d’être aussi motivée quand la natation accapare une bonne partie de son quotidien. Ses résultats légèrement en demi teinte trahissent une certaine lassitude. Mais personne ne s’attend à ce que le 12 juillet 2014, Camille Muffat annonce la fin de sa carrière sportive. La jeune femme aspire à vivre autre chose, à profiter des plaisirs de la vie. Elle, qui, ado, devait tout sacrifier à la natation alors que ses copines profitaient de leur jeunesse. La vie, le destin d’une championne partie beaucoup trop tôt.

P.Y.M.

Photo : ©DR

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