LE PETIT NICOIS

EMPLOIS SAISONNIERS : Entre « super job » et « grosse arnaque »

Sur la Côte d’Azur, de mi-mai à mi-septembre, restaurateurs, hôteliers et commerçants jouent leur chiffre d’affaires de l’année. L’affluence double en cette période, voire triple, et il convient de ne pas rater « la saison ». Pour ce faire, ils font appel à des emplois saisonniers, en CDD, à temps plein ou partiel, souvent des étudiants qui souhaitent financer leurs études et se payer du bon temps sur la Côte. Une expérience réussie pour certains, ratée pour d’autres. Quels secteurs recrutent ? Quels sont les abus constats ? Le Petit Niçois vous offre des pistes de réponse.

En été, le farniente des uns passe par le travail des autres. Dans les Alpes-Maritimes, près de 50 000 emplois sont directement liés à l’activité touristique du département (1). Restauration, hôtellerie, commerces, c’est toute la Région PACA qui, par la diversité de l’offre qu’elle propose, tant par son littoral hautement plébiscité que par ses paysages montagneux et ses collines verdoyantes, appelle le touriste à visiter ses environs.

Ainsi en période estivale, estimée selon l’Insee, entre mi-mai et mi-septembre et qui peut se prolonger, dans les Alpes-Maritimes et le Var notamment, jusqu’en octobre, les chiffres de l’emploi doublent car il convient de faire du visiteur, le roi de ses vacances. Poussés par ce contexte touristique et pour s’adapter à l’économie locale, quasiment systématiquement, les employeurs de ces secteurs (hôtels, cafés et restaurants) ont recours aux emplois saisonniers.

Qui postule à de tels emplois ?

Comme on peut l’imaginer, bon nombre sont des étudiants à la recherche de quelques deniers supplémentaires pour arrondir leurs fins de mois ou plus prosaïquement pour financer leur scolarité. « L’argent gagné va déjà me permettre de financer ma dernière année d’étude », explique Céline, vendeuse dans une boutique du Vieux-Nice. Les jeunes de moins de 25 sont en grande majorité les premiers à répondre aux annonces et pour 15% d’entre eux, ils viennent d’un autre département, ou d’une autre région. Ils se logent chez des amis ou dans des logements de saison et acceptent des missions de 15 jours à 1 mois, renouvelables ou non.

Quelque fois véritable tremplin pour les uns (notamment dans la vente, où l’emploi saisonnier peut déboucher sur un contrat pérenne), et « une bonne expérience professionnelle » pour d’autres, comme Christophe ancien plagiste à Nice qui ne regrette pas cet épisode. L’emploi saisonnier est le nouveau nom du job d’été par lequel bon nombre d’entre nous sommes passés. Et, hier comme aujourd’hui, des abus sont constatés et de nombreuses procédures sont amorcées devant le Conseil de Prud’hommes par des salariés qui, soit n’ont pas été payés de leur salaire, soit n’ont pas été réglés de leurs heures supplémentaires, soit ont été licenciés abusivement pour éviter de les payer.

Si, globalement, l’expérience est réussie, il convient de prendre des précautions d’usage pour ne pas que le « super job d’été » se transforme en « véritable cauchemar ».

L’emploi touristique double chaque été

« Société X recherche pour la saison estivale, des vendeurs (ses) pour ses boutiques situées à l’aéroport de NICE. En charge de l’accueil, du conseil, de la vente et de l’encaissement de nos clients, vous faites preuve d’une grande qualité de service, du sens de la vente et cherchez à atteindre les objectifs. Travail en horaires variables sur des plages du lundi au dimanche. Contrat saisonnier. Vous bénéficiez d’un salaire fixe + prime sur le chiffre d’affaires + tickets restaurant + mutuelle + parking... Bonne présentation, disponibilité, ponctualité, honnêteté, goût du travail en équipe sont requis. Anglais indispensable et Russe ou Chinois souhaitables ».

Vous l’aurez compris, au-delà de la simple candidature à un poste de commercial(e) ou de serveur(se), certains employeurs n’hésitent pas à imposer des compétences de haut vol, dignes d’emplois de cadres supérieurs. Un moyen de gagner plus pour ces employeurs en prétextant la possibilité qui est offerte de travailler dans un grand groupe et d’acquérir une expérience de terrain. Sachez de plus que les emplois saisonniers sont en moyenne moins bien payés que les emplois de fréquence (le même poste mais en salarié à l’année) et les écarts peuvent être considérables.

De mêmes, mesdemoiselles, l’Insee a établi le fait que vous serez moins rémunérées que ces messieurs, à poste et compétences égales (entre 1 et 2 euros de moins par heure). Les discriminations salariales ne prennent pas de vacances, elles.

(1)Insee PACA, publication 2012, basée sur des chiffres de 2007.

Photo : En France, 2 millions de saionniers sont recensés chaque année, tout secteur confondu. ©DR

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