« C’est l’histoire d’une gonzesse qui a navigué pendant 30 ans » riait Florence Arthaud, faisant la promo de son autobiographie en 2009 « Un vent de liberté ». Une histoire qui finit mal. Aujourd’hui, tous les vieux loups de mer sont en deuil. La France aussi. Florence Arthaud n’est plus, mais Florence Arthaud restera dans toutes les mémoires, qu’on se le dise.

Elle est, elle était et sera toujours, la première femme à avoir remporté la Route du rhum en 1990, cette difficile traversée de l’Atlantique en solitaire, de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre. Une victoire qui la propulsera au rang de star féminine de la voile française. « C’est elle, notre Mimine, qui a popularisé la voile », témoigne le navigateur Roland Jourdain.
Mimine, c’était le surnom qui lui était donné dans le milieu marin. Femme pas féminine, elle était l’icône des femmes dans le sport ; femme fragile elle était vue comme une conquérante, Florence Arthaud était une femme entière, un peu « brute de décoffrage », diraient certains mais entière. Ecorchée par la vie, elle a frôlé la mort par deux fois. A 17 ans, à la suite d’un grave accident de la circulation qui lui a fait « prendre conscience de la précarité de la vie ». Coma, deux ans de convalescence à Garches, elle fait face.
Puis, en octobre 2011, au large de la Corse, elle fait une chute de son bateau, de nuit, sans gilet de sauvetage et est secourue quelques heures plus tard grâce à la géolocalisation de son téléphone portable, en hypothermie. Même sur son lit d’hôpital, elle trouve le moyen d’ironiser et de dire que « même pour aller soulager un besoin naturel, il faut porter son gilet de sauvetage ! ».
Maman d’une petite Marie, née en 1993 de son union avec le navigateur Loïc Lingois, Florence Arthaud se découvre. « Avant Marie j’avais une vie de baroudeuse et d’aventurière », disait-elle. Elle est en fusion totale avec sa fille qu’elle adore, même si celle-ci boude la navigation pour l’équitation. Séparée de Loïc Lingois, elle épouse en 2005, Eric Charpentier, également navigateur, un mariage qui se termine rapidement à cause de sa dépression alcoolique. En 2009, à 52 ans, elle publie son autobiographie, elle y parle de cette vie d’aventurière, de l’alcool, de ces unions ratées et de sa fille, la plus belle réussite de sa vie.
De la dépression, elle s’en sortira, Florence sait rebondir, tirée par la vie et l’aventure, happée par la liberté que lui procure l’Océan. Après sa dernière Transat en 2007, elle s’installe à Marseille. Si elle arrête les tours du monde en bateau elle n’en oublie pas pour autant sa passion. Elle est même très impliquée dans la discipline. Avant que ce « putain d’hélico », cet affreux coup du sort, ne l’emporte, elle travaillait sur « L’Odyssée des femmes », une compétition de voiles en Méditerranée destinée aux femmes, qui devait prendre le départ cet été à Marseille. Un projet qui ne coulera pas, puisque, déjà, 6 équipages féminins se sont inscrits. Un projet qui sera certainement porté par les différentes communes concernées pour lui rendre un nourvel hommage.
Arthaud la navigatrice, Arthaud la femme, Arthaud la maman, Arthaud l’icône, dans une interview donnée en décembre 2013 à la chaîne catholique Kto, elle disait, tout sourire « Je crois que la vie, je l’ai bien vécue. Par les deux bouts ». Sourire, pêche, optimisme et rage de vaincre, c’est ce que l’on doit retenir de Mimine, la petite fiancée de l’Atlantique qui a pris le large, trop tôt.
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