LE PETIT NICOIS

Jean-François Dieterich : « L’avenir va s’inscrire autrement à Saint-Jean-Cap-Ferrat »

Le maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, Jean-François Dieterich, fait partie des nouveaux maires des Alpes-Maritimes, élus en mars dernier.

Cet ancien directeur d’agence immobilière consacre désormais tout son temps à la gestion communale. Il s’est ouvert au Petit Niçois sur ses priorités, ses chantiers, ses préoccupations. Rencontre avec un élu décidé, conscient de la tâche qui s’annonce et responsable vis-à-vis de ses administrés.

L.P.N : Quelle a été votre première décision en arrivant à la tête de la Mairie de Saint- Jean-Cap-Ferrat ?

Jean-François Dieterich : Ma première préoccupation a été la réorganisation de la commune et de ses services. J’ai décidé de recruter dès mon élection un directeur général des services -il n’y en avait pas depuis près de 20 ans- afin d’accompagner le changement, de sortir d’une gestion passéiste et de tendre vers une administration moderne et efficace… La réglementation publique exige un tel poste qui était une vraie nécessité. Les élus n’ont pas la science infuse ; ils ont besoin de conseils.

Néanmoins, mes responsabilités de chef d’entreprise ont été une bonne formation pour assurer les fonctions de maire et je me suis préparé à assurer ce mandat de premier magistrat de la commune. Aujourd’hui, la réorganisation des services communaux est en cours. Dans ce cadre, nous venons également de recruter un responsable des services techniques, poste qui faisait lui aussi défaut, et pourtant si indispensable. En un mot, la restructuration est en marche.

L.P.N : Quels sont les chantiers prioritaires ?

J.-F. D. : Il nous faut enrayer le déclin économique de Saint-Jean-Cap-Ferrat.

En 20 ans, 7 hôtels ou pensions ont fermé, entraînant dans leur sillage la désertion des commerces. Les bureaux ont remplacé inéluctablement les commerçants de détails. C’est un constat. Enfant du pays, j’ai assisté à ce déclin. Cela a d’ailleurs été l’une de mes premières motivations pour m’engager dans la bataille des municipales.

L.P.N : Qu’allez-vous faire pour y remédier ?

J.-F. D. : C’est un vrai challenge. Un gros travail de fond est à effectuer. Plusieurs actions sont et seront lancées. Nous venons par exemple d’instaurer le droit de préemption sur les baux commerciaux afin de maintenir un tissu économique « vivant » au sein du village. Il faut trouver des solutions afin d’enrayer la bureaucratisation de la presqu’île.

On va également s’orienter vers le tourisme d’affaires, vers le monde de l’entreprise... Il faut aussi que l’hôtellerie existante ainsi que les restaurants puissent rester ouverts plus que 5 à 6 mois par an. Pour y parvenir, nous allons multiplier les événements. Plusieurs projets sont déjà en cours.

L.P.N : La commune de Saint-Jean-Cap- Ferrat souffre-t-elle d’un déficit d’image ?

J.-F. D. : Oui, c’est indéniable et il faut y remédier. Nous allons développer une stratégie de communication. Aujourd’hui, et durant toute l’année, sur différents sites proches les uns des autres (Salle des fêtes, cinémathèque, rotonde, théâtre sur la mer...), nous pouvons accueillir des séminaires de 300 à 500 personnes environ.

Ce n’est pas rien. Saint-Jean-Cap-Ferrat, située entre Nice et Monaco, est idéalement placée et présente un site exceptionnel qui possède des atouts considérables en terme d’environnement et de douceur de vivre. Nous entendons bien évidemment développer l’économie St-Jeannoise tout en préservant notre tranquillité et notre cadre de vie.

L.P.N : Que manque-t-il à Saint-Jean ?

J.-F. D. : En priorité, il nous faudrait un parking souterrain de 200 à 300 places, le stationnement étant un réel problème dans le village, tout particulièrement en saison haute. Le choix du site est en cours. Cet équipement favorisera notre volonté de développer des événements majeurs.

Il manque aussi à Saint-Jean un Musée de la Mer et des Traditions ainsi qu’un Centre d’art contemporain, comprenant des ateliers et logements d’artistes pour qu’ils puissent s’épanouir sur St-Jean. Une réflexion globale portant sur la réalisation de ces structures et équipements est aujourd’hui lancée.

L.P.N : Vous parlez beaucoup de création d’événements, comment allez-vous faire ?

J.-F. D. : Dans un premier temps, nous venons de créer un « pôle événementiel » qui englobe notamment l’Office de Tourisme devenu municipal depuis peu. Nous souhaiterions obtenir des labels, des classifications, des prix dans différents domaines (Ville fleurie…) afin de mettre à l’honneur notre ville, sa municipalité et ses habitants.

L’esthétisme du village va être revu et corrigé ; nous devons retrouver notre authenticité, embellir nos ruelles, défendre notre patrimoine. Dans cette optique, par exemple, certains aménagements urbains seront modifiés.

La première manifestation des 27 et 28 septembre sur la présentation de véhicules de prestige sur le Port de plaisance et en ville, intitulée « Saint-Jean- Cap-Ferrat Légendes », est un exemple concret de que ce que nous voulons développer au niveau de l’événementiel.

L.P.N : Quels sont les autres axes de votre action ?

J.-F. D. : Il y en a beaucoup… Je vais vous en citer deux prioritaires : la politique familiale et le logement. Il n’y a pas de structure de petite enfance à Saint-Jean. Nous allons ouvrir une « Maison des Assistantes Maternelles » avec les partenaires habituels pour ce type d’équipement. Nous comptons à ce jour 131 enfants inscrits à l’école de Saint-Jean. Cette Maison fonctionnera comme un vrai service public, comme un relais.

Mais il nous faut aussi penser à loger les familles ; ainsi, sur ce plan, plusieurs appartements sont en cours d’acquisition. Durant ce mandat, nous allons essayer de mettre à la location environ 25 logements pour actifs. Les prix sont si élevés à Saint-Jean que les familles, et notamment les jeunes couples avec enfants, ne peuvent plus se loger convenablement sur place. Ils partent ailleurs et le village se dépeuple. Actuellement, j’ai près de 40 demandes en attente sur mon bureau. Là encore, il nous faut renverser la tendance petit à petit, avec patience, intelligence mais pugnacité.

L.P.N : Quels sont vos liens avec la Métropole ?

J.-F. D. : Les relations sont normalisées aujourd’hui avec la Métropole NCA qui possède de nombreuses compétences sur notre territoire. Nous devons impérativement avancer ensemble, en concertation, pour le bien-être de tous les habitants. Il est important de pouvoir travailler sur nos dossiers communs sereinement, dans une relation respectueuse et cordiale.

Le Président Christian Estrosi est d’ailleurs venu à notre rencontre dernièrement pour évoquer notamment la modernisation du Port de plaisance et l’extension de la durée de la concession. Le Port est notre poumon économique. Le démarrage des travaux est prévu pour octobre 2015.

Nous avons aussi évoqué le parking qui est une compétence métropolitaine et qui constitue l’une de nos priorités pour notre développement économique et touristique. La parole du Maire, ma parole, sera écoutée et entendue.

L.P.N : Comment voyez-vous l’avenir de Saint-Jean-Cap-Ferrat ?

J.-F. D. : Je veux être un maire de proximité, proche de mes administrés, à l’écoute de ma ville… j’ai mis en chantier d’ores et déjà la création d’un conseil municipal des jeunes, celle d’un conseil consultatif économique… Je souhaite la mise en place de référents dans nos immeubles.

Un travail auprès du tissu associatif est aussi envisagé. Il faut dialoguer, se concerter, développer la démocratie participative. Tout cela manquait. L’avenir va s’inscrire autrement à Saint- Jean-Cap-Ferrat.

Photo : ©LPN

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