LE PETIT NICOIS

La NSA : Ces écoutes obscures...

L’actualité récente se focalise sur de pseudos écoutes révélées par Wikileaks de la National Security Agency plus connue sous le sigle NSA à l’encontre de trois derniers présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande entre 2006 et 2012…

En écoutant de telles informations, l’observateur zélé est en droit de se poser la question : de qui se moque-t-on ? Doiton supporter de telles inepties sans réagir ? Les cris d’orfraie des hommes politiques démontrent le mépris le plus élémentaire qu’ils ont à l’égard du « petit peuple », de cette « France d’en bas », de ces citoyens qui constituent ce que l’on appelle parfois avec mépris, « la majorité silencieuse ». Alors pour ceux qui estimeraient que nous y allons forts, que l’on ne peut pas parler ainsi, nous allons vous proposer un petit retour en arrière.

ENIGMA, NSA, ECHELON…

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Anglais sont à la pointe du renseignement grâce à un mathématicien de génie, Alan Turing. C’est lui qui avait réussi à décrypter le système réputé inviolable, ENIGMA, développé par les Allemands pour leurs communications entre sous-marins. Les Américains décident de s’associer avec les Britanniques, les Canadiens, les Australiens et les Néo-zélandais pour développer d’abord l’AFSA (Armed Force Security Agency) au lendemain de la guerre puis en octobre 1952, la National Security Agency (NSA). Le président américain, Harry Truman, nomme Ralph J. Canine comme premier directeur… Ça ne s’invente pas. Dès lors, tous les plus fameux linguistes, mathématiciens, informaticiens, ingénieurs, spécialistes du chiffre de la planète sont recrutés par la NSA… Ils doivent (c’est conseillé par leur hiérarchie et bon pour leur avancement) se marier entre eux, consulter un docteur « interne à l’agence », bref, le contrôle est partout.

Les plus grandes entreprises de télécommunications des Etats-Unis sont appelées à collaborer avec l’Agence qui restera secrète jusque dans les années 80. Entre temps, le système ECHELON verra le jour en 1970 dans les Cornouailles avec deux antennes…

Le temps des révélations

Le premier coup de tonnerre a été, en 1983, la sortie du livre de Bramford, « The Puzzle Palace », soit 600 pages qui révèlent l’existence de la NSA et qui dévoilent ses écoutes célèbres comme celles concernant Martin Luther King, Greenpeace, Amnesty, Margaret Thatcher (sic)… et plus tard, Lady Di, le Pape, et enfin, dernièrement les chefs d’états des pays européens. Ce livre dévoile le rôle aussi joué par les Ambassades américaines qui installent dans leurs toits des antennes surpuissantes pour « écouter ». Il faudra attendre 5 ans encore (août 1988) pour que l’existence d’ECHELON soit à son tour révélée au grand public… Aujourd’hui, grâce à Wikileaks, on sait. Les Néo-zélandais ont espionné le programme nucléaire français au début des années 80.

En 1993, Bill Clinton devient président des Etats-Unis. Il entend redorer le blason des entreprises américaines. Entre temps, le mur de Berlin est tombé en novembre 1989 et les grandes oreilles américaines d’ECHELON sont désormais plus tournées vers les pays de l’Est et l’URSS, mais vers les pays européens de l’Ouest, considérés pourtant comme des « alliés »… La guerre économique a déjà commencé…

La guerre économique dès 1980…

Pour Clinton, « l’ennemi » est bien identifié : Airbus, Thomson, Alcatel, Dassault… Il accuse clairement, via les écoutes, les Français d’utiliser des pots de vin pour acquérir des contrats notamment au Brésil en 1994 pour un contrat de 1,4 milliard de $ sur la couverture radar de la forêt amazonienne. Au final, c’est la société américaine, Raytheon qui aura le contrat.

Thomson ne s’en remettra pas. Edouard Balladur, la même année, connaîtra les mêmes déboires avec Airbus qui se voit coiffer sur le poteau par Boeing sur un gros contrat avec la Saudi Arabian Airlines. Fin des années 90, l’Europe réagit enfin. Les rapports accablants se multiplient : Steve Wright, Duncan Campbell, le juge devenu député européen, Thierry Jean-Pierre… On apprend que la NSA dispose de 38 000 agents pour un budget de 3,6 milliards de $. Mais les dirigeants européens discutent beaucoup mais ne prennent aucune décision… Pourquoi ? C’est là que le bat blesse… Y-a-t-il eu des pressions ? Faisons-nous la même chose à une moindre échelle ? Pourquoi ce silence des Européens ? Les chefs d’Etat espionnés, montent sur leurs grands chevaux comme Angela Merkel qui oublie au passage de préciser qu’une antenne d’ECHELON se trouve sur son territoire, en Bavière…

Dans ce jeu de dupes, y-a-t-il quelqu’un qui aurait plus raison qu’un autre ? Ce qui est sûr, c’est que les Américains ont développé un système d’écoute global qui dépasse de loin, tout ce qui a été fait précédemment.

Galiléo et TAFTA…

Leurs cibles prioritaires : les entreprises et les chefs d’Etat. Sachant que les pays européens signent leurs plus gros contrats lors de voyages officiels, ils savent pertinemment ce qu’ils font. Combien d’emplois sacrifiés en Europe ? Combien d’entreprises poussées à la faillite à cause de ces écoutes illicites ? Combien de drames humains ? Quand le bilan sera fait sur ces années, s’il est fait un jour, les conclusions pourraient s’avérer effrayantes… La NSA, officiellement, n’intervient pas sur le terrain. Elle confie cette tâche à la CIA. Il n’y a plus de guerre des « polices » entre eux, juste une collaboration nécessaire pour assurer la suprématie de l’économie américaine sur le monde.

On peut sourire à l’idée qu’ils étaient au courant des frasques de nos présidents, et notamment des amours cachées entre François Hollande et Julie Gayet… Mais la réalité, les enjeux, et leurs conséquences ne feront plus rire personne quand ils seront connus. Les deux seules décisions courageuses et « normales » que le président de la République doit prendre aujourd’hui sont simples : une relance de Galiléo pour en finir avec la suprématie du GPS américain, et un arrêt immédiat (et définitif ?) des négociations sur le Traité de libre échange transatlantique (TAFTA). Sinon, nous n’aurons rien compris de ce qui se cache derrière ce pseudo Traité : une mise sous tutelle définitive de l’Europe par les Etats-Unis.

Photo : ©DR

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