Une réunion était organisée par le maire de Nice et les représentants de plusieurs associations et clubs afin de faire un premier bilan de la réforme des rythmes scolaires.

C’est une réforme qui a déjà fait couler beaucoup d’encres et cela ne va sans doute pas s’arrêter aujourd’hui. C’est en tout cas ce qu’il faut retenir de la réunion publique organisée le 16 octobre dernier par Christian Estrosi. L’objectif : faire un premier bilan de la réforme des rythmes scolaires depuis le début de son application il y a de cela un mois et demi.
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est plutôt mauvais si l’on en croit les intervenants. Et la première estocade est venue du maire de Nice. « Les rythmes extrascolaires qui étaient organisés à Nice, le gouvernement est en train de les désorganiser » s’insurge l’élu « si on peut se réjouir que personne n’ait été largué à la rentrée, qu’il n’y a pas d’orphelin de 15h45, la situation n’est pas satisfaisante pour autant.
Cette réforme a de graves conséquences sur notre tissu associatif. Sur les emplois, la gestion des plannings, des terrains et espaces culturels ainsi que sur la restauration scolaire et de la petite enfance. Notre système nous a permis d’avoir des champions sur plusieurs générations et aujourd’hui on nous enlève ce potentiel. On a par exemple accordé à la Savoie ces mercredis matins de libres pour le ski, mais on l’a refusé aux Alpes- Maritimes, c’est une injustice ».
Un bilan désastreux
Tour à tour, les représentants de plusieurs associations culturelles et sportives se sont passés la parole afin de présenter les conséquences de la réforme dans leur domaine respectif. Pour Bernard Leydet, président du Nice Law Tennis Club « il ne s’agit pas d’une bonne loi. Elle s’applique sur les enfants de 5 à 11 ans et a donc un impact sur la détection des jeunes talents ».
En chiffres le constat est plus parlant « avant le mercredi matin nous avions 120 jeunes, aujourd’hui seulement une soixantaine se sont réinscrits. De plus ils ne viennent pas le soir ou l’après-midi. L’avenir des éducateurs du mercredi matin est en jeu. Nous avons une baisse des recettes comprise entre 20 et 30 mille euros. Et cela risque de s’aggraver dans les années à venir ».
Mohamed Otmane président de l’Olympic Judo Nice est tout aussi contrarié par « cette reforme qui nous plombe. Les cours ont lieu maintenant à 16h30, mais les enfants partent de l’école à 15h45 donc ils ne reviennent pas. Cette reforme est une catastrophe car en plus les enfants sont morts de fatigue. On n’a pas de vision ».
Paul Raybaud, président de l’interclub (Ski) n’a de son côté pas de problème de terrain, sauf que cette réforme « a vidé les pistes. On nous a supprimé nos déplacements en montagne le mercredi et on ne les a pas repositionnés ailleurs. Cela a impacté 600 enfants.
Ce que l’on pressent, c’est que ces gamins vont s’orienter vers d’autres activités que la montagne et que notre réservoir de champions va rétrécir. De plus, cela a un impact sur les stations de ski, mais aussi les restaurateurs, les vendeurs de matériels et même les chauffeurs d’autocars ».
Eric Tanguy de l’ASPTT Omnisport déplore lui « Une fatigue dès le jeudi, bien plus qu’avant ainsi qu’une perte de 25 % de ses licenciés soit 45 000 euros de cotisations. Cela condamne à terme un emploi et demi. Seuls les enfants du privé peuvent faire du ski maintenant ». Fabrice Pellerin de l’ONN, connu pour avoir formé les champions de la natation niçoise est tout aussi catégorique « au départ j’étais excité par ce changement d’horaires, mais au final il a amené son lot de contraintes. 150 enfants sont privés des bassins à l’ONN.
On va non seulement privér d’une pépinière qui a vu apparaître une Camille Muffat, mais pas seulement. Il y a une dimension hygiénique et même sociale à la natation. Je suis très déçu ». Mais les secteurs sportifs ne sont pas les seuls à être affectés par cette réforme.
De nombreuses autres activités sont également touchées. Les témoignages de Frédéric Bettini et Anne-Laure Mas, respectivement directeur général de la Semeuse et responsable des activités éducatives et sociales de la Compagnie Miranda le prouvent. Tous deux ont compté une perte d’adhérents et d’activités et sans doute dans un avenir proche de personnels.
Mise en place d’un conseil communal de l’éducation
Des tendances donc globalement comparables qui amènent à une prise de décision commune. « Nous demandons au gouvernement de bien vouloir réentendre, écouter, modifier cette loi » explique Christian Estrosi, au nom du monde associatif, des professeurs et parents d’élèves. « Nous savons que cela peut durer, donc il faut que nous réfléchissions ensemble pour trouver une solution ».
C’est pourquoi un conseil communal de l’éducation va donc voir le jour dans le courant du mois de novembre avec pour objectif d’être force de proposition pour la rentrée prochaine et trouver des pistes à donner aux instances nationales pour moduler ces rythmes scolaires. « Il faut montrer que nous ne sommes pas arc-boutés et vindicatifs, mais au contraire ouverts et constructifs ».
Selon le maire de Nice, des résultats seront présentés dès le printemps 2015.
Photo : Christian Estrosi ainsi que les représentants des associations sont d’accord pour former un conseil communal et proposer des solutions à la mise en place des rythmes scolaires. ©LPN