LE PETIT NICOIS

Lassana Bathily : « je ne suis pas un héros ! je suis Lassana et je resterai moi-même »

Mardi soir le premier ministre Manuel Valls a remis au héros de la prise d’otages de l’HyperCacher du 9 janvier la nationalité française. Un « rêve d’enfant » qui se concrétise pour ce malien deve¬nu en quelques semaines, symbole national de bravoure.

Son entrée sur l’estrade se fait sous les applaudissements. Le 20 janvier, dans les locaux du ministère de l’Intérieur, tous ou presque sont venus le soutenir pour assister à ce grand moment, celui de la concrétisation d’un rêve.

Dans l’assistance, famille et proches, collègues et patron de l’HyperCacher mais aussi, personnalités de marque comme les principaux représentants religieux de toutes confessions, et plusieurs ministres du gouvernement, sont présents pour assister à cette cérémonie.

Le 9 janvier dernier, journée de l’assaut final qui marquera la fin d’un cauchemar long trois jours, Lassana Bathily est présent à l’HyperCacher au moment où Amedy Coulibaly, également auteur de la fusillade de Mon-trouge fait irruption arme au poing. Employé du magasin et donc bon connaisseur des lieux, Lassana Bathily incite immédiatement plusieurs clients du magasin à venir se cacher dans un congélateur du sous-sol, qu’il éteint au préalable, pour les mettre en sécurité.

C’est ce geste héroïque qui a permis à plusieurs personnes, terrées pendant près de cinq heures, de sortir du magasin, saines et sauves.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur prend la parole avant de céder sa place à Manuel Valls : « Lassana s’est comporté en citoyen courageux dans des circonstances exceptionnellement dramatiques pour notre pays…

Il compte au nom de ces hommes et ces femmes dont le courage, le sang-froid et l’altruisme se révèlent dans les moments de grand péril ». Sourire pudique en coin, bras croisé le long du corps, Lassana reste modeste et concentré. Une tape discrète sur l’épaule, Manuel Valls lui confie : « Vous êtes le symbole d’un Islam de paix et de tolérance ».

Très fier et ému

En costume noir, Lassana remercie sobrement ceux qui l’ont toujours soutenu dans son combat pour rester en France. Après avoir reçu de la main de Manuel Valls les trois symboles qu’il attendait tant, un passeport, une lettre signée de François Hollande et une médaille, il salue la mémoire de son collège Yohan Cohen, mort sous les balles d’Amedy Coulibaly lors de la prise d’otages du 9 janvier : « J’ai perdu quelqu’un que j’aimais beaucoup… Quelqu’un avec qui j’ai beaucoup ri. On s’appelait Bossboss » confie t-il avec un sourire gêné par l’émotion.

C’est un grand moment pour ce jeune malien de 24 ans, devenu désormais citoyen français. Empreint de sincérité et de modestie, il explique : « Je ne suis pas un héros. Je suis Lassana et je resterai moi-même. Mon coeur a parlé et m’a fait agir.

Il n’y a pas de question de communauté » avant d’ajouter pour conclure cette cérémonie élogieuse : « Vive la liberté, et vive la France », quelques mots immédiatement salués par un tonnerre d’applaudissements d’une assistance fière et émue.

Photo : ©CHRISTOPHE ENA—AP

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