Soixante-dix ans après la fermeture d’Auschwitz, l’antisémitisme semble n’avoir jamais été aussi présent. Après le nazisme, c’est l’islamisme radical qui s’en prend aux Juifs de France et au reste du monde. En cette date anniversaire, le Petit Niçois a souhaité faire un tour d’horizon de la situation des Juifs en France actuellement. Témoin de l’horreur des camps, Juifs qui veut quitter la France ou bien y rester... Le Petit Niçois présente également un de ses reportages réalisés en 2013 où des collégiens niçois s’étaient rendus dans les camps de la mort. Pour que l’une des plus sombres pages de notre histoire ne soit jamais oubliée.
Le 27 janvier 1945, l’Armée rouge libérait les prisonniers du camp d’Auschwitz-Birkenau et mettait définitivement un terme à presque 5 années d’horreur comme le monde n’en a jamais connu. Car si des génocides avaient bien lieu, jamais la mort n’avait atteint un tel niveau, une telle échelle. Jamais la mort n’avait été à ce point rationalisée, industrialisée. Au final, la « solution » nazie aura coûté la vie à plus de 5 millions de Juifs, et plus de 1 million de victimes disparurent dans le seul camp d’Auschwitz-Birkenau.
C’était il y a soixante-dix ans… Une période d’obscurantisme intellectuel, dit-on aujourd’hui. Une période qui paraît si éloignée de nos moeurs, de toutes les valeurs qui composent notre civilisation, que, voir resurgir aujourd’hui ce spectre des livres d’Histoire nous paraît impensable. Sans doute à raison.
Mais, si l’antisémitisme a toujours été présent dans nos sociétés à plus ou moins haut niveau, depuis maintenant plusieurs années, il a pris une toute autre forme. Moins frontale, plus sinueuse. C’est un sordide fait divers, en 2006 qui révèle au grand public cette menace. Ilan Halimi, enlevé par Youssouf Fofana et son « gang des barbares ». Torturé et assassiné au seul motif de ses origines juives et de ses supposés revenus. Une affaire qui prouve tous les fantasmes qui courent encore sur cette communauté.
L’autre visage de l’antisémitisme
Depuis, impossible de ne pas remarquer que les Juifs sont de plus en plus souvent pris à partie au mieux, attaqués au pire. Après les partis extrémistes dans les années 40, c’est maintenant au tour des fondamentalistes religieux de prendre le relais. Merah qui assassine des enfants juifs à Toulouse, Nemmouche en Belgique et sa tuerie dans le musée juif de Bruxelles, et plus récemment l’attaque de l’épicerie casher à Vincennes.
Des épisodes qui pourraient être des actes isolés, orchestrés par des loups solitaires. Malheureusement il n’en est rien. Impossible de ne pas avoir remarqué cet été, en marge des défilés pro-palestiniens, les nombreux débordements antisémites. Du « sales juifs » scandés par certains, aux attaques contre les synagogues et épiceries casher perpétrées par d’autres à Sarcelles. Loin d’être une vue de l’esprit, l’antisémitisme semble même gagner du terrain.
Cette semaine le Crif (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a annoncé que le nombre d’actes antisémites avait doublé en 2014 par rapport à 2013. Pire, que le nombre d’actes avec violences physiques avait fait un bond de 130%. « Ces actes antisémites représentent 51% des actes racistes commis en France, alors que les Juifs ne représentent qu’1% de la population française » a indiqué le Crif.
L’exode ou la mort ?
Face à ce péril et cette sensation d’insécurité, la communauté juive de France se trouve au coeur d’un dilemme fondamental. Rester en France et espérer que la situation s’arrange, ou alors faire l’Alya, c’est à dire immigration en Terre sainte, en Israël. Phénomène régulier depuis des décennies, il s’est considérablement accentué en 2014. Passant de 3 000 à 7 000 Juifs français partis.
Dans les prochaines années ce chiffre, déjà important, pourrait là encore s’amplifier. Certaines estimations parlent de plusieurs dizaines de milliers de départs de France. Forte de plus de 480 000 personnes, la communauté juive de France pourrait se voir amputer d’une grande partie de ses membres. « La France sans les Juifs de France ce n’est pas la France » a martelé Manuel Valls après les attentats.
Maintenant, ils n’attendent plus qu’une chose : la preuve qu’ils ont encore leur place chez nous, chez eux.
Photo : Interdite par la préfecture, la manifestation de soutien à Gaza dérapait à Sarcelles en juillet 2014








