LE PETIT NICOIS

Patrick Allemand : « Fier de mon bilan »

Cela faisait 14 ans et un jour que Patrick Allemand présidait les destinées du PS des Alpes-Maritimes, il a décidé de passer la main.


Lors de sa réélection comme Premier Secrétaire Fédéral du 06, il l’avait annoncé, c’était son dernier mandat. Il a tenu parole en démissionnant de la tête du PS 06. Ni amer, ni désabusé, ni usé, simplement par commodité personnelle au vu de ses mandats électifs. Il s’en explique dans les colonnes du Petit Niçois.


L.P.N. : Est-ce les taux de popularité catastrophique du président de la République qui vous ont poussé à cette décision ?


Patrick Allemand : Pas du tout. Je ne suis ni déçu ni un défaitiste. J’ai toujours pris mes responsabilités. J’avais annoncé en 2012 que ce serait mon dernier mandat de Premier Secrétaire Fédéral. C’était prévu.


L.P.N. : Cela laisse seulement 5 jours de campagne à votre successeur…


P. A. : Il n’y a pas de déni de démocratie. J’aurai pu nommer un nouveau Secrétaire Fédéral, c’était prévu dans les statuts. J’ai préféré qu’il le soit par les militants pour qu’il ait plus de légitimité. La date du 3 décembre a été arrêtée par Paris afin que la fédération puisse désigner ses candidats aux élections départementales. Les militants seront réunis, on n’allait pas leur imposer deux dates. Ils auront simplement deux votes sur lesquels ils devront se prononcer.


L.P.N. : La pression des jeunes comme Xavier Garcia...


P. A. : Non. J’ai été réélu 5 fois dont la dernière à l’unanimité. Personne ne m’a poussé dehors. J’ai toujours considéré que Xavier Garcia avait les bonnes qualités pour assurer ma succession dans la continuité. Il est capable de rassembler avec une autorité certaine, il n’est pas brutal. Il est déjà porte parole du PS. Je le soutiendrai, il est loyal.


L.P.N. : Pas comme Marc Concas...


P. A. : Je l’ai dit, c’est mon plus mauvais souvenir, ma rupture avec lui. Lors des législatives, la démocratie interne a joué. Il y avait trois candidats. Je suis arrivé en tête avec 58 % des suffrages, il n’a réalisé que 27 %... Après, c’est sa manière de faire campagne contre moi qui a été violente, cruelle et qui en dit long sur le personnage.


L.P.N. : Et avec Patrick Mottard ?


P. A. : Nos rapports sont cordiaux, nous travaillons bien ensemble sur l’aménagement de la Gare du Sud, le stade du Ray… Il a été loyal.


L.P.N. : Qu’est-ce qui a changé pour vous faire renoncer ?


P. A. : La charge de travail. A la Région, faire un budget prend 6 mois maintenant alors qu’avant, il suffisait de 3 à 4 réunions. Les Régionales seront difficiles, Michel Vauzelle a besoin d’élus plus présents. On va tout faire pour la conserver à gauche tout en menant l’opposition à Nice contre Christian Estrosi. Paris demande aussi plus d’investissements pour expliquer les réformes menées par le gouvernement et mobiliser les militants.


L.P.N. : Un regret ?


P. A. : Que l’on n’est pas su capitaliser sur l’afflux des militants en 2006 avec la campagne de Ségolène Royal. Certains cadres du PS n’ont pas tout fait pour les associer, on n’a pas su les conserver. J’ai pris le PS à 750 adhérents, ils sont 1 200 aujourd’hui. J’en suis fier, pensez qu’ en 2006, nous étions montés à 3 000 !


L.P.N. : Le plus fier ?


P. A. : Trois dates : la 1ère réélection de Michel Vauzelle en 2004, la réélection miraculeuse de Marc Daunis au Sénat, le 6 mai 2012 avec l’élection de François Hollande. Sous mes mandats, Nice est redevenu une terre d’élection pour les présidentielles avec deux meetings, l’un à la salle Leyrit en mars 2007 avec Ségolène Royal et mars 2012 avec François au Théâtre de Verdure. J’ai mis fin à 33 ans de disgrâce ! Et j’ai assuré la pérennité du PS 06 avec l’achat des locaux de la rue Biscarra.


L.P.N. : On vous sent plus serein


P. A. : J’ai la sérénité de celui qui a su organiser une succession tout en douceur. Je suis la force tranquille de Nice. Je suis heureux de mon bilan de ces 14 dernières années.


Photo : ©DR

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