LE PETIT NICOIS

Taxi / Uber : la guerre est déclarée

Depuis l’arrivée d’Uber Pop en France, pas un seul jour ne passe sans qu’il y ait des incidents entre les utilisateurs de l’application et les taxis français. Retour sur cette guerre qui fait rage entre les chauffeurs.

Rien ne va plus entre les conducteurs Uber Pop et les chauffeurs de taxis. Depuis quelques semaines, la tension est plus vive entre ces deux concurrents au point de prendre en otage le citoyen du fait des actions coup de poing menées par les taxis. Les raisons du conflit ? Les utilisateurs de l’application américaine sont accusés par la fédération nationale des taxis de proposer le même service, sans détenir de licence professionnelle, de casser les prix, et ainsi de réduire de 30 à 40% le chiffre d’affaires des taxis, pris à la gorge. Considéré comme « totalement illégal » par le gouvernement, Uber Pop est déjà interdit dans plusieurs départements français (Rhône, Loire- Atlantique, Gironde, Nord...) suite à la condamnation du TGI de Paris en date du 16 octobre 2014 qui qualifie de « pratique commerciale trompeuse » le service proposé par la société Uber.

A Nice, la préfecture suit l’Etat et condamne les conducteurs utilisant cette application, rappelant qu’ils s’exposent à une peine d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Pour autant, cela n’empêche pas ces chauffeurs de circuler et de travailler au grand dam des taxis qui voient dans leurs actions une pure provocation.

De la colère à la violence

Il n’aura pas fallu longtemps à certains taxis professionnels pour faire exploser leur grogne et se venger d’Uber, au vu du succès du géant américain.... en franchissant des lignes blanches. On ne compte plus les faits divers retranscrits chaque jour dans les journaux, relatant l’agression d’un chauffeur Uber ou même celle de leurs clients. De l’insulte aux crachats, en passant par le vandalisme, les taxis ne parviennent pas à contenir leur colère.

Aux agressions verbales s’ajoutent maintenant des guet-apens, organisés pour humilier et punir les VTC. L’une des premières embuscades a eu lieu à Marseille le 8 juin où une vingtaine de chauffeurs de taxis a encerclé un conducteur Uber Pop. Dans une vidéo filmée par l’un des agresseurs, on pouvait entendre l’un des taxis crier « S’il y a des prétendants à Uber, regardez bien ce qui vous attend » pendant qu’un autre scandait « Tu peux le dire à ton patron, on va tous vous niquer, on va vous piéger comme des rats ». Aux grands maux les grands remèdes, contre l’illégalité d’Uber Pop, des taxis chauffeurs licenciés choisissent de se faire justice euxmêmes. La victime sortira de ce guetapens humilié, les pneus de sa voiture crevés. Une issue moins chanceuse pour un autre chauffeur, cette fois-ci le 16 juin à Nice, agressé par une trentaine de taxis qui s’étaient fait passer pour des clients.

Violemment pris à parti, il finira à l’hôpital et sa voiture lourdement vandalisée. Quatre des chauffeurs de taxis mis en cause dans ces « violences réciproques », ont terminé en garde à vue, ce qui a engendré une opération coup de poing des taxis qui ont bloqué l’aéroport de Nice ce 22 juin pendant 1 heure. « Intolérable », « scandaleux » crient les dirigeants d’Uber qui ne voient pas comme illégal le service qu’ils proposent.

Grève illimitée

Depuis le 25 juin, les taxis ont bouclé l’aéroport, mené des opérations escargot dans toute la ville. Ils souhaitent que la loi soit appliquée voire que l’application Uber Pop soit supprimée. Face à la multiplication des chauffeurs Uber, les syndicats déplorent l’inefficacité des contrôles pourtant nombreux. Le TGI de Paris confirmera ou non, le 25 octobre 2015, la décision prise en première instance. À ce jour en France, Uber revendique un million d’usagers de son service, dont 400 000 actifs.

Photo : ©LPN

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