De par le monde, ils seraient 1,8 million de nouveaux cas de cancer du poumon chaque année ce qui rend les travaux du professeur Paul Hofman, uniques, précieux et historiques.
L’avis du chercheur Paul Hofman : « levée de fonds pour généraliser le test »
L.P.N. : Quelle genèse à vos recherches sur le cancer du poumon ?
Pr Paul Hofman : Mon travail sur le cancer du poumon date de 2007. Nous nous sommes concentrés sur la détection de cellules cancéreuses dans le sang. Notre travail a porté sur 500 personnes avec le centre de cancérologie Gustave Roussy de Paris.
Nous avons pu prouver à l’aveugle qu’ils avaient un cancer du poumon. Ensuite, nous avons validé nos résultats sur des gens à hauts risques, ceux qui sont sujets à une Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Avec nos prises de sang, nous avons pu détecter des tumeurs de 0,3 mm, introuvables avec les moyens de radiographie et de scanners classiques.
L.P.N. : Quels sont les personnes à haut risque ?
Pr P. H. : Ce sont les gros fumeurs, 1 paquet de cigarettes durant 30 ans ou 2 paquets pendant 15 ans. La BPCO ont un risque accru de déclencher un cancer du poumon. Les patients décèdent d’insuffisance respiratoire plus que de leur cancer.
Quand on est à ce stade, il est trop tard. 5 % de la population présente une sous-estimation du risque de cancer du poumon. Certains patients ont pu, grâce à nos prises de sang, être détectés à temps. Ils présentaient des cellules tumorales circulantes.
L.P.N. : Peut-on en guérir ?
Pr P. H. : Si le cancer est détecté en stade 1 (tumeur de – de 2 cm) ou 2 (tumeur de + de 2 cm), on peut opérer. Après, il faut suivre les patients durant une année afin d’être sûr de leur rémission. Dès que les métastases apparaissent, il est trop tard. 85 % des gens diagnostiqués meurent… On en parle trop tardivement.
L.P.N. : Vos recherches ont porté sur combien d’individus ?
Pr P. H. : Notre échantillon a porté sur 245 personnes dont 168 étaient à risques. Nous avons détecté 5 cas avérés de cancer du poumon qui ne savaient pas qu’ils étaient atteints. Elles ont été suivies durant 5 ans. Nous sommes encore au stade expérimental. C’est une étude pilote.
L.P.N. : Quelle est la phase suivante ?
Pr P. H. : Nous recherchons des soutiens financiers. Les pouvoirs publics ne sont pas très réactifs à notre levée de fonds. Il faut dire que notre communiqué a été repris par l’agence Reuters puis immédiatement par l’AFP. Aujourd’hui, c’est une déferlante médiatique.
Nous allons valider nos recherches auprès de 500 patients recrutés dans la région niçoise. Déjà, nous avons beaucoup de demandes. Ils vont être suivis dans le service de pneumologie avec des scanners et des prises de sang annuelles durant 5 ans. Le test expérimental sera commercialisé fin novembre 2014, juste pour les personne s atteintes d’un cancer. Pour tous les patients, il faudra attendre 2019…
L.P.N. : Ne risquez-vous pas d’être débordés de demandes ?
Pr P. H. : Ce matin, il y avait une quinzaine de fumeurs devant mon laboratoire qui voulaient avoir un test. Cela ne peut se faire comme ça. Il faut entrer dans un protocole médical et un essai clinique. C’est une recherche clinique ciblée. On est sur de la médecine personnalisée.
L.P.N. : Vos recherches sont-elles protégées ?
Pr P. H. : Depuis un an, la société Rarecells a déposé le brevet pour la France et les Etats-Unis. Pour ma part, je suis juste l’inventeur. Je n’ai pas d’action dans cette société et j’ai interdit aux membres de ma famille d’en prendre. Je travaille pour l’hôpital public, je ne veux pas de mélange de genres. Les recherches ont été brevetées pour les garder en France. On a verrouillé le tout avec l’aide de l’Université Nice Sophia Antipolis (UNSA) et de l’INSERM.
L.P. N . : Quels sont les investissements dont vous avez besoin ?
Pr P. H. : Pour l’étude complémentaire à Nice sur 500 personnes, nous avons besoin de 800 000 euros sur 5 ans. Le conseil général 06 va nous aider. A l’échelle de la France, il nous faudrait 2 M€ sur 5 ans.
Les fonds devraient arriver plus rapidement aux Etats-Unis où Rarecells possède une filiale. Il y a plus de donateurs Outre-Atlantique. J’ai bon espoir. Nos recherches peuvent sauver beaucoup de vies.
Photo : ©DR










