Juste avant la traditionnelle cérémonie des voeux, les dirigeants de la Fédération 06 du Bâtiment et des Travaux Publics (FBTP), Laurent Trocmé et Philippe Renaudi, ont fait un point sur la situation du secteur.
Manifestement, 2014 n’a pas été une belle année pour le BTP 06 avec une perte de 900 emplois et 2015 semble suivre le même exemple avec en prévision un millier d’emplois de moins.
A ce jeu de massacre, toutes les économies possibles ont été faites en 2014 avec le non remplacement des départs en retraite, le recours au chômage partiel et une réduction du nombre d’intérimaires de 17 % auxquels il faut ajouter les licenciements dus aux liquidations d’entreprises.
Les travailleurs « détachés »
Tous les secteurs semblent touchés avec une chute de 23 % dans le logement neuf en 2014. Cette dégringolade est due à l’absence de lisibilité des dispositifs fiscaux, à un pouvoir d’achat des ménages en berne à des contraintes administratives drastiques et à une réglementation technique augmentant le coût de la construction.
Dans le même temps, la commande publique a chuté de 17 %. Les communes sont victimes d’un véritable racket organisé par l’Etat, via le fonds de péréquation à destination des communes les plus pauvres. Les pénalités sur le manque de logements sociaux concomitantes aux baisses des dotations de fonctionnement de l’Etat, ruinent les communes.
Dans le marché de l’entretien et de la rénovation, si la baisse n’a été que de 1 %, les chantiers sont pris majoritairement par de la main d’oeuvre en provenance des pays de l’Est. Les architectes et autres décorateurs, préfèrent ce type de compromis leur permettant d’économiser 30 à 40 % des devis…
En utilisant ces salariés, ils se dispensent du paiement des charges sociales en France, bien plus pénalisantes. Cette procédure du détachement est parfaitement légale au vu de la réglementation européenne qui n’a pas encore réussi son harmonisation sociale. C’est le cas d’entreprises étrangères mais aussi françaises…
Le hold-up des caisses de congés payés
Quant aux travaux publics et routiers, ils enregistrent une baisse de 22,7 % avec des pics de – 42 % pour les communes et de - 37 % pour les intercommunalités… Au-delà, les responsables du BTP demandent à l’Etat d’interdire les auto-entrepreneurs « qui est le plus sûr moyen de générer du travail au noir ». Laurent Trocmé a aussi dénoncé les délais de paiement bien trop longs des collectivités publiques « mettant les entreprises en danger de cessation de paiement ».
D’autres menaces planent sur le BTP comme le compte individuel de pénibilité avec nombre de contentieux à prévoir et surtout du hold-up opéré par l’Etat sur la trésorerie des Caisses de congés payés du BTP soit près de 2 milliards d’euros ! La crise du coup n’est plus conjoncturelle mais structurelle, elle s’installe dans le temps « depuis 4 ans ».
Les responsables du BTP sont très inquiets car si de grands travaux existent dans le 06, « leur étalement est de nature à ralentir l’activité quand ce n’est pas un arrêt lorsqu’un partenaire manque à l’appel ». La Région s’est désengagée de nombre de projets dans le 06… « Il faut aussi compter sur les recours des tiers qui bloquent des chantiers importants comme le collège de Pégomas… »
Avant de rejoindre leurs invités pour les voeux, Laurent Trocmé et Philippe Renaudi assurent d’une même voix : « Aujourd’hui, on ne referait pas Sophia- Antipolis ».
Photo : Laurent Trocmé, président de la FBTP 06 et Philippe Renaudi, président de TP 06. ©DR
