Une ligne de vêtements qu’arbore fièrement Madonna et beaucoup d’autres stars, un livre émouvant salué par la critique, un spectacle qui affiche complet dans toute la France... Brahim Zaibat, l’enfant des cités lyonnaises ex-champion du monde de breakdance et héros de : « Danse avec les stars » serait-il touché par la grâce ? Son show « Rock it all Tour » - ce dimanche 16 à quinze heures trente au palais Nikaïa- l’affirme avec maestria. Sa troupe y fait merveille. A ne pas manquer...

Le Petit Niçois : « Rock it all Tour » c’est une version scénique de « Danse avec les stars » ?
Brahim Zaibat : Outre une popularité pour de bonnes causes, cette émission m’a apporté et appris beaucoup de choses, notamment des danses dont, pour certaines, j’ignorais même le nom et qui m’ont obligé à inverser toutes les techniques corporelles que je pratiquais jusque-là.
Ainsi enrichi, conscient depuis longtemps que la danse m’a sauvé d’une enfance de cité difficile, je veux partager mon bonheur et me suis senti capable de réunir une équipe et une troupe avec lesquelles je tente de rendre aux gens les cadeaux qu’ils m’ont faits en me portant jusqu’à la finale.
Mais la comparaison s’arrête là. Ici, pas de concurrence ni de défi ni de concours. Pas non plus d’individualisme. Comme au foot, chacun donne le meilleur de soi mais c’est le collectif qui compte.
LPN : Un « collectif » dont vous êtes tout de même capitaine mais aussi chorégraphe et metteur en scène...
B.Z. : Petit à petit la trentaine approche. J’ai commencé à danser tout môme et je ne vais pas pouvoir le faire vingt ans de plus. Alors je me diversifie. Mais cela reste un collectif. D’abord parce que je bosse avec un gigantesque maître d’oeuvre : Yaman Okur. Il y a du génie chez ce mec-là.
On lui donne une idée, une vague ligne rouge, un semblant de concept : il cligne de l’oeil, cogite le soir chez lui et, dès le lendemain, vous met en place du béton innovant. Il a mis en scène plusieurs tableaux du show de Madonna dont il était l’un des danseurs depuis 2007. On a ensuite travaillé ensemble sur Robin des Bois et, bientôt, on remettra ça pour « Les trois mousquetaires ».
Avec une pierre angulaire de ce calibre – il a également fait merveille pour la « Star’Ac », « Les 10 Commandements » et le Cirque du Soleil !– j’avance en assurance tous risques. Mais il y a aussi Psykott et Akos, les compositeurs ; Jerome, le designer ; Farid, mon agent et conseiller. Non, vraiment, ma chance c’est une équipe.
LPN : Madonna, outre côté coeur, a-t-elle compté dans votre formidable ascension ?
B.Z. : A ses côtés, j’ai découvert la pensée, j’ai appris à faire des choix, j’ai tout regardé en plus grand avec une vision panoramique, j’ai ouvert mon esprit. Je me suis calmé et assagi. J’ai rattrapé dix ans de retard et, sur certains plans, j’ai peut-être pris dix ans d’avance.
LPN : Vous parlez magnifiquement d’elle dans le livre que vous venez de publier aux éditions Pygmalion « On peut tous un jour danser avec les stars » mais c’est pourtant à votre maman que vous le dédiez...
B.Z. : Sans ma mère je ne serais pas là et il n’y aurait donc pas de livre (rire) ! Et puis, au fond, si le grand amour c’est celui le plus pur, le plus loyal, le plus durable, alors, le grand amour c’est forcément sa mère, non ?
LPN : Elle est lyonnaise mais votre père est maghrébin et la méditerranée figure en bonne place dans votre histoire et votre livre...
B.Z. : Mon grand-père paternel est Tunisien mais ma grand-mère est algérienne et, en voyageant à travers le monde, j’ai découvert avec tristesse combien ce merveilleux pays était méconnu. Alors, au fil du temps, même si la France demeure avant tout mon berceau et ma fierté, je me suis senti ambassadeur de ces terres et de ce peuple qui me sont chers. Avec Farid, notre boîte de prod s’appelle « 2 Rives ». Cela dit tout de mon attachement à cette Méditerranée.
D’autant qu’à Cannes où vit un des mes amis inséparables, comme à Nice, Antibes ou Villefranche où nous passions nos vacances avec Madonna, j’ai des souvenirs à jamais chevillés au coeur.
LPN : Sur la croisette, pendant le dernier festival du film, on vous a beaucoup vu. Certains parlaient du futur acteur, d’autres du créateur de mode, d’autres encore de l’homme d’affaires. Où était la vérité ?
B.Z. : Un peu partout, j’avoue (rire). Dès l’ouverture, aux côtés de Cut Killer, j’étais chargé de chorégraphier le show de la soirée du film consacré à la princesse Grâce. Ensuite, avec le joaillier Edouard Nahum et ma marque de vêtements et d’objets « Defend », on a lancé une création commune : un collier avec pendentif.
J’en ai profité pour ouvrir au Carlton une boutique éphémère ou, tantôt vendeur, tantôt prêcheur, j’arborais le plus souvent notre tee-shirt « Defend Coexist » qui prône la tolérance et l’unité avec ses trois symboles : la croix, le croissant et l’étoile de David. Et puis c’est vrai que j’ai rencontré pas mal de gens du cinéma et qu’il y a des propositions dans l’air.
LPN : Savez-vous finalement ce qui vous fait courir autant ?
B.Z. : Vous allez me trouver puéril et démago mais je vous jure que ce n’est ni l’attrait de la gloire, ni l’appât du gain. Je veux juste me battre sur tous les fronts pour essayer d’adoucir un peu les injustices du monde.
Trouver des idées pour apporter du soutien à ceux qui souffrent. J’ai la chance de dormir très peu et j’entends profiter de cette économie de temps pour être utile.
Photo : ©DR