LE PETIT NICOIS

CANNES 2015 : Dimanche 17 Mai 2015

CANNES 2015 : Comme si vous étiez

Le dimanche amorce déjà la dernière ligne droite du Festival de Cannes qui va filer comme une comète. Pour ce jour clé, Thierry Frémaux a choisi le thème de l’amour avec tout d’abord le dernier film de Maïwenn, « Mon Roi ». Dire que la jeune réalisatrice était attendue était bien sûr un euphémisme. Au tournant ? Sans doute un peu… Son histoire d’amour fou entre un vrai connard manipulateur et charmeur, Vincent Cassel, et une femme, avocate brillante, qui se qualifie de « normale », Emmanuelle Bercot, est inégale avec de vrais moments de bravoure et des phases qui semblent plus bâclées ou pas essentielles.

Impression mitigée donc mais Maïwenn pourrait très bien se retrouver au palmarès grâce au travail fourni par son couple d’acteurs, éblouissant. Elle confirme qu’elle est une grande directrice de comédiens l’étant elle-même mais préférant pour ce film, laisser le rôle qu’elle aurait pu tenir à Isild Le Besco, la meilleure amie du personnage de l’avocate dans le film. Si « Mon Roi » pêche parfois par ses outrances, « Carol », film de l’américain de Todd Haynes, tout est maîtrisé, calibré, justifié. Il nous propulse dans les années 50 où l’homosexualité féminine est considérée comme une déviance pouvant entraîner le retrait de la garde de ses enfants à une mère pourtant exemplaire par ailleurs.

Cate Blanchett et Rooney Mara forment un couple électrique, d’une évidence manifeste. La première s’est glissée magnifiquement dans le rôle de cette femme du monde à l’élégance rare. La seconde, joue une jeune fille plus modeste, complétement fascinée par sa compagne. Après « La vie d’Adèle », « Carol » reprend le thème de l’homosexualité féminine avec beaucoup plus de « tact » mais pas moins de passion. Alors, un prix du Jury ? D’autres voient bien une récompense pour Cate Blanchett… Mais l’événement de la journée était sans aucun doute la présentation des 114 films des frères Lumière restaurés par… l’Institut Lumière de Lyon, présidé par Bertrand Tavernier et dirigé par un certain, Thierry Frémaux. Après quelques mots de bienvenue du président du Festival, Pierre Lescure, les deux responsables de l’Institut Lumière se sont livrés à un véritable numéro de duettistes en commentant de manière drôllissime, les films de Louis Lumière qui aurait dû être en 1939, le premier président du Festival de Cannes si la guerre ne s’était pas déclarée… Quelques mois plus tard, il mourrait laissant le cinéma orphelin de son inventeur. « Lumière ! » est un programme à voir et à revoir… Il y avait toujours à « Cannes Classics », la projection de « La Marseillaise », un film de Jean Renoir produit par la CGT qui elleaussi, tout comme le cinématographe, fêtait ses 120 ans d’existence. Les autres sélections parallèles ont eu aussi leur moment de gloire avec pour la « Semaine Internationale de la Critique » (SIC), la projection très attendue de « Dégradé », réalisé par deux frères palestiniens, Arab et Tarzan Nasser. L’histoire de ces femmes cloîtrées dans un salon de coiffure alors que dehors les hommes jouent à la guerre devrait valoir à leurs auteurs, un Grand Prix de la SIC. De son côté, la « Quinzaine des Réalisateurs » n’a pas voulu être à la traîne en proposant « Le Tout nouveau Testament » de Jaco Van Dormael, un film fou et réjouissant avec une Catherine Deneuve éblouissante et un Benoît Poelvoorde étourdissant en personnage se prenant pour… Dieu ! Drôle, poétique et grinçant, tout ce que l’on demande et que l’on aime au cinéma.

Photo : « Mon roi » fi lm de Maïwenn ©DR

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