LE PETIT NICOIS

CANNES 2015 - : Le Festival des Toutes Premières Fois

La version 2015 du 68e Festival de Cannes ne peut pas être comparée à une autre puisque tout est nouveau hormis le nom du délégué général, le toujours pétillant et sympathique, Thierry Frémaux.

Et ceux qui auraient parié pour une mésentente chronique annoncée par certains après la nomination comme président, de Pierre Lescure, en ont été pour leurs frais. Le Festival reste bien le Festival, même sans la présence de Gilles Jacob qui lui aura donné son envergure internationale tout autant que sa crédibilité. Avec Pierre Lescure, point de discours philosophique mais la sage énumération de tous les nombreux partenaires du Festival, ceux qui le font vivre et qui en font une réalité.

La fête du 7ème Art, rappelons-le encore une fois, est la manifestation la plus courue par la presse de la planète, juste après celle des Jeux Olympiques… Alors, nouveau président, première présidence du jury à deux têtes avec deux voix selon les frères Coen, première ouverture par un film réalisé par une femme, première fois qu’il y a tant de femmes en compétition officielle, première fois qu’il y a tant de premiers films en Compétition, première fois pour Natalie Portman derrière la caméra… La version 2015 est un Festival des premières fois,

La France à l’honneur

Tout d’abord, pour l’ouverture, nous aurons « La tête taute », un film d’Emmanuelle Bercot qui aurait pu prétendre être en compétition. Aux côtés de la réalisatrice notamment de « Elle s’en va », il y aura pour la montée des marches, la divine Catherine Deneuve, la jeune Sara Forestier et le talentueux, Benoît Magimel. De quoi faire honneur au cinéma français, si bien représenté dans cette 68ème édition. Car outre cette ouverture, il y aura, pour l’instant, quatre films, eux bien en compétition.

Tout d’abord, « Mon roi » où justement, Maïwenn retrouve son amie Emmanuelle Bercot, elle qui l’avait aidée à scénariser « Polisse » et qui avait le rôle de l’une des deux inspectrices. Cette fois-là, elle sera dans les bras de Vincent Cassel… De son côté, la tribu de Valérie Donzelli, « Marguerite et Julien », s’agrandit avec l’arrivée de Géraldine Chaplin accompagnée des habituels amis de l’actrice-réalisatrice à savoir Jérémie Elkaïm, Anaïs Demoustier, Frédéric Pierrot. Vincent Lindon sera le héros du film de Stéphane Brizé, « La Loi du Marché », alors que Jacques Audiard devient un habitué de la Croisette avec une nouvelle présente en compétition avec « Dheepan – l’homme qui n’aimait plus la guerre », un choc assurément. Une autre filmographie européenne sera à l’honneur, l’Italie.

Un fait qu’il faut souligner car auparavant, ce pays avait quasiment disparu de la compétition officielle. Si le « leader », Nanni Moretti, sera présent avec « Mia madre » avec John Turturro, lui qui avait décroché la Palme d’or en 2001 avec « La Chambre du Fils », on suivra de près les deux autres transalpins, Matteo Garrone, « Le conte des contes » avec Salma Hayek, John C. Reilly et Vincent Cassel qui montera une seconde fois les marches avec ce film, mais aussi, avec Paolo Sorrentino, « Youth », qui lui aussi a choisi de tourner avec un casting anglo-saxon où l’on retrouve Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, excusez du peu… Et si la Palme était italienne ?

Du beau monde sur les marches

Il faudra pourtant compter avec un fort contingent asiatique avec le désormais légendaire réalisateur taïwanais, Hou Hsiao Hsien, « The Assassin », avec Shu Qi dans un film de sabres à ne pas manquer, le Chinois, Jia Zhang-ke avec « Mountains may depart », très controversé dans son pays où ses films sont souvent interdits, et le Japonais, Kore-Eda Hirokazu, « Notre petite soeur », qui revient encore une fois sur les problématiques liées à la famille.

Les Américains seront représentés par une ancienne Palme d’or, Gus Van Sant, qui après son succès avec « Elephant », présentera « The Sea of Trees » ou Matthew McConaughey et Ken Watanabe visitent pour nous, « La Forêt des Suicides ». Avec Todd Haynes, et son « Carol », c’est un parfum de scandale qui devrait traverser la Croisette avec une histoire d’amour torride entre Cate Blanchett et Rooney Mara… Après, c’est la ronde des nouveaux venus ce qui évitera à Thierry Frémaux l’éternel procès : « A Cannes, c’est toujours les mêmes ! ».

Cette année, parmi les nouveaux, on remarquera Denis Villeneuve (« Enemy », « Prisoners »), le plus connu, qui fait une entrée fracassante avec « Sicario » au casting 5 étoiles : Emily Blunt, Benicio del Toro, Josh Brolin… Le britannique, Justin Kurzel, revisite la magie de Shakespeare avec « MacBeth », drame très chaud avec Marion Cotillard face à Michael Fassbender. Une autre star française est passée à l’étranger, Isabelle Huppert lorgnera à nouveau vers les saxons avec Joachim Trier, auteur de « Louder than Bombs », un drame familial raconté par le procédé de rashomon, soit chacun pourra conter sa version, avec Jesse Eisenberg et Gabriel Byrne. Rachel Weisz vivra sa seconde montée des marches aux côtés de Colin Farrell pour « The Lobster », un film très étrange du grec, Yorgos Lanthinos. Enfin, les sonderkommandos juifs du hongrois, Laszlo Nemes (un premier film) partiront à l’assaut des monstres nazis du camp d’Auschwitz dans « Le Fils de Saul ».

Et si la Palme était italienne ?

Au total de toutes les séances et sélections officielles, il y aura huit réalisateurs qui présenteront leurs premiers films. Parmi le plus attendu et qui devrait être l’une des séances les plus courues de cette année, celle d’ « Une histoire d’amour et de Ténèbres » d’une certaine Natalie Portman. Après, les autres séances spéciales ne seront pas à négliger avec Barbet Schroeder, « Amnesia » avec Marthe Keller ou « Asphalte » de Samuel Benchetrit qui s’est entouré d’Isabelle Huppert, qui elle aussi, montera les marches pour la deuxième fois, Gustave Kervern, Valeria Bruni-Tedeschi, Michael Pitt… Le Malien, Souleymane Cissé avec « Oka », portera les couleurs de l’Afrique.

Mais c’est encore en séances hors compétition que la cohue devrait être la plus grande puisque Woody Allen a refusé à nouveau d’être en compétition mais montrera tout de même, « Un homme irrationnel ». Sa nouvelle égérie, Emma Stone, succombera à Joaquin Phoenix après avoir séduit précédemment Colin Firth dans « Magic in the Moonlight ». Et puis, ce sera la soirée du dimanche avec « Mad Max : Fury Road » où la belle Charlize Theron défiera la brute, Tom Hardy. Nul doute que George Miller aura à coeur de démontrer qu’il est toujours un grand réalisateur de films d’action… Une bien belle édition où les frères Coen devraient avoir le dernier mot à moins qu’Ethan et Joël ne s’entendent pas…

Mais attendons, car trois à quatre films devraient compléter une sélection qui pour l’instant n’en compte que 17…

Photo : Catherine Deneuve fera l’ouverture avec « La Tête Haute » du 68e Festival de Cannes. ©DR

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