C’est en venant couvrir un procès aux assises des Alpes-Maritimes que Gaston Leroux, chroniqueur au journal Le matin, découvre Nice. « C’est une ville bien agréable où l’on peut se ressourcer en bord de mer après une audience bien remplie » écrit-il un jour à un ami reporter. C’est d’ailleurs à Nice où il a vécu près d’une vingtaine d’années qu’il s’est éteint le 15 avril 1927.
Si Gaston Leroux fut l’un des plus grands journalistes judiciaires de son époque, il est aujourd’hui surtout connu pour ses romans policiers empreints de fantastique. Après des études de droit à Paris, il devient avocat en 1890. Un métier qu’il exercera durant trois ans. Pour arrondir ses fins de mois, mais également pour assouvir sa passion pour l’écriture, il écrit des comptes rendus de procès pour le journal l’Écho de Paris. « J’aime écrire avec suspense pour mieux tenir le lecteur en haleine » aime-t-il à expliquer.
Sa relation du procès d’Auguste Vaillant, auteur de l’attentat de la chambre des députés, tombe sous les yeux de Maurice Bunau-Varilla, directeur du journal Le Matin, qui lui propose aussitôt de devenir le chroniqueur judiciaire de ce quotidien, à l’époque le plus important de Paris. Leroux acceptre avec joie. Il a ainsi l’occasion de suivre le procès de personnages qui auraient pu figurer dans ses romans, en particulier ces anarchistes poseurs de bombes.
La critique est conquise
En 1901, il devient grand reporter et effectue à ce titre de nombreux reportages en France et à l’étranger. S’il aime couvrir l’événement, son amour pour l’écriture ne cesse de croître. En 1903, il écrit pour son journal le feuilleton Le chercheur de trésors qui paraît l’année suivante sous forme de livre sous le titre de La double vie de Théophraste Longuet. La critique est conquise et il ne tarde pas à s’attirer les faveurs de lecteurs amateurs d’énigme policière.
De 1904 à 1906, il est l’envoyé permanent de son journal à Moscou. A ce titre, il assiste à l’effondrement de l’empire des tsars. C’est deux ans plus tard qu’il remporte un franc succès avec son roman Le mystère de la chambre jaune. Ce livre raconte la première aventure du jeune reporter Jospeh Rouletabille, 18 ans, qui parvient à résoudre une tentative de meurtre pourtant bien difficile à élucider.
Ce chef d’oeuvre qui inspirera les surréalistes, notamment du fait de la phrase culte « le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat », fait de lui un écrivain très en vue. En 1910, il suscite à nouveau l’enthousiasme avec le Fantôme de l’opéra, cette fiction qui met en scène un homme, ancien illusionniste, qui hante les sous-sols de l’opéra Garnier de Paris. Puis, à partir de 1913, Gaston Leroux crée la série des Chéri-Bibi qui sera tout autant un triomphe et fera par la suite l’objet de plusieurs adaptations pour la télévision.
En 1923, il fait paraître la Poupée sanglante. Le parfum de la dame en noire est aussi qualifié de chef d’oeuvre. Comme toujours, ses énigmes sont à tiroirs et montées avec une exceptionnelle ingéniosité. Des maîtres du polar comme Agatha Christie salue ses écrits qu’ils qualifient de « remarquables et pleins de talent ». En tout, Gaston Leroux écrira près d’une cinquantaine d’ouvrages dont plusieurs seront adaptés au théâtre, au cinéma et au petit écran. Son dernier roman, Mister Flow paraît en 1927.
Très attaché à la Côte d’Azur
Entre deux reportages, Gaston Leroux rejoint la Côte d’Azur où il s’est installé, en 1908, à Menton avec sa famille. L’année suivante, il déménage pour Nice et le Mont-Boron où il prend un appartement. Il voue un véritable amour à cette ville : « J’apprécie vraiment l’ambiance que l’on trouve dans le Vieux Nice », confie-t-il souvent à ses proches. En 1911, nouveau déménagement.
Cette fois, il emménage à Cimiez, villa des Orangers où il reste jusqu’en 1919. Il quitte finalement cet endroit pour un appartement dans le palais Étoile du Nord, 53 boulevard Gambetta. C’est dans la capitale azuréenne qu’il fonde en 1918 la Société des Cinéromans, vouée à la production de films. « Il faut faire vivre en images toutes ces histoires qui captivent les gens.
Le cinéma est capable de créer cette tension, cette ambiance qui vous plonge dans un univers » explique-t-il. C’est avec René Navarre, l’interprète de Fantômas de Louis Feuillade et Arthur Bernède qu’il s’est associé dans cette entreprise. En 1937, René Navarre jouera d’ailleurs dans Chéri-Bibi mis en scène par Léon Mathot. Pathé-Cinéma, conscient de la pertinence de son projet rachète la société. Gaston Leroux, qui a toujours été un fervent opposant à la peine de mort qu’il n’a eu de cesse de combattre et tout particulièrement au travers de sa pièce de théâtre de La maison des juges, rendra son dernier souffle à 58 ans, à Nice, le 15 avril 1927.
Il était né le 6 mai 1868 à Paris. Il reste, encore aujourd’hui, l’un des maîtres incontestés du polar fantastique.
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