Qu’est-il advenu d’Agnès Le Roux, la riche héritière du casino niçois le Palais de la Méditérranée ? Une chose est sûre : si son corps n’a jamais été retrouvé, elle n’a plus donné signe de vie depuis le mois d’octobre 1977.
Cette disparition reste l’une des plus grandes énignes judiciaire de la fin du XXe siècle même si un homme, l’ancien avocat niçois Jean-Maurice Agnelet, a été condamné en 2007, après 31 ans de procédures judiciaires, à 20 ans de réclusion criminelle par les assises des Bouches-du-Rhône pour « complicité d’assassinat ».
En 1977, Jean-Dominique Fratoni, casinotier, cherche à prendre le contrôle du Palais de la Méditérranée à la tête duquel se trouve Renée Le Roux, la mère d’Agnès. A l’époque, Renée Le Roux est en difficulté car son établissement vient de perdre 4 millions de francs à une partie de 30-40. Elle soupçonne Jean-Dominique Fratoni, son concurrent, d’avoir fait truquer la partie.
Conscient des difficultés de la veuve, ce dernier lui formule une nouvelle proposition de rachat. Renée Le Roux refuse. Jean-Dominique Fratoni charge alors l’avocat Jean-Maurice Agnelet, un proche de la famille Le Roux, de trouver une solution.
Lui, qui ambitionnerait de devenir directeur du Palais de l a Méditérranée, séduit la jeune femme et parvient à lui faire vendre ses parts à Fratoni moyennant un chèque de 3 millions de francs. L’argent est déposé sur un compte suisse que les amants ouvrent en commun. Agnès Leroux, qui était fragile psychologiquement à l’époque,_disparaît alors.
Ni elle, ni sa Range Rover ne seront retrouvées. Les soupçons se portent rapidement sur Jean-Maurice Agnelet qui est le dernier à l’avoir vue vivante. Les soupçons de la justice se renforcent lorsque l’enquête montre qu’il a récupéré, en septembre 1978, une partie de l’argent déposé sur le compte suisse. Inculpé en 1983 pour la disparition, il bénéficie finalement d’un non-lieu. Convaincues qu’Agnelet l’a supprimée, sa mère et la famille d’Agnès ne supportent que difficilement cette mise hors de cause. Renée Le Roux_n’aura alors de cesse de vouloir le confondre.
Elle mènera pendant 31 ans un combat judiciaire sans relâche pour parvenir à sa mise en examen et à sa condamnation. Malgré les soupçons, c’est l’alibi fourni par Françoise Lausseure, son ancienne compagne, qui a profité à Agnelet. Celle-ci a assuré aux enquêteurs qu’il était avec elle en Suisse le jour de la disparition d’Agnès Le Roux. Mais la jeune femme qui est devenue son épouse avant de divorcer, va revenir sur ses déclarations. En 1999, elle avoue avoir menti « pour rendre service » à son amant. Remis en examen en 2000, ce dernier est donc jugé par la cour d’assises des Alpes-Maritimes en 2006.
A la surprise générale, il est acquitté. Le parquet fait aussitôt appel et un second procès a lieu l’année suivante. Cette fois, il écope de 20 ans de réclusion criminelle. En 2008, la Cour de cassation confirme la sentence. Agnelet demande sa remise en liberté conditionnelle. En mars 2011, l’affaire connaît un rebondissement qui ne va cependant changer le cours de la justice.
Un ancien truand, Jean-Pierre Hernandez, qui a fait partie de la French Connection (exportation d’héroïne aux États Unis depuis la France) sort de son silence pour assurer qu’Agnelet est innocent. Selon lui, ce serait son « frère » de la pègre Jeannot Lucchesi, qui appartenait alors au clan du parrain marseillais Gaëtan Zampa, qui aurait tué Agnès Le Roux. « C’est Lucchesi lui-même, a-t-il déclaré, qui me l’a confié en 1987, quelques mois avant sa mort ».
Il aurait exécuté un contrat puis jeté le corps dans les calanques, à Marseille, avant de faire broyer son véhicule dans une casse automobile. La famille Leroux ne le croît pas. Pour elle, Hernandez a voulu se faire de la publicité à l’occasion de la sortie de son livre. Les avocats d’Agnelet, Maîtres Saint-Pierre er Versini-Campinchi voient là l’occasion de saisir la Cour de révision. Mais cette instance rejette leur demande l’an dernier. Il n’y aura donc pas de nouveau procès.
L’avocat de la famille Zampa, Me Gilles-Jean Portejoie, dépose plainte pour complicité de « diffamation publique envers la mémoire d’un mort », accusant Hernandez d’avoir porté atteinte à l’honneur de leur client. A ce jour, malgré de nombreuses fouilles, interrogatoires et perquisitions, on ne sait toujours pas, précisément, ce qui est arrivé à Agnès Le Roux, ni dans quelles conditions elle serait morte.
Photo : (à gauche) Agnès Leroux, la riche héritière du casino niçois. Une bien étrange disparition ! (à droite) ... Maurice Agnelet le 20 septembre 2007 lors de son procès à Aix-en-Provence. © DR







