Considéré au début du XXe siècle comme l’une des plus luxueuses résidences hôtelières de la Côte d’Azur, le Riviera Palace reste, en partie grâce à son jardin d’hiver et son panorama, un complexe unique dans le département.

Encastré sous la moyenne corniche, les touristes et autres passants pourraient ne pas le remarquer. S’y rendre peut aussi être un périple et ses 458 marches peuvent en décourager plus d’un. Pourtant, le massif Riviera Palace n’a rien de discret. S’il possède plusieurs homonymes prestigieux sur la Côte, le Riviera Palace est toutefois unique.
Des ressemblances qui n’ont toutefois rien de hasardeux et que l’on doit à une seule société : La Compagnie internationale des Grands Hôtels. Filiale de la prestigieuse Compagnie des Wagons-Lits société ferroviaire toujours active mais qui est surtout connue aujourd’hui pour le luxe de ses rames de trains du début du XXe siècle et sa ligne menant jusqu’à Constantinople, l’Orient-Express. L’objectif à cette époque était de créer des pied-à-terre de haut standing à ses clients utilisant son réseau. C’est pourquoi l’on retrouve des « Riviera Palace » aussi bien à Nice qu’à Menton, destinations alors prisées par la jet-set et essentiellement l’hiver.
UNE MODERNITÉ INÉDITE
Alors oui, l’histoire du Riviera Palace n’est pas très originale. Oui elle ressemble à celles des autres grands hôtels de la Côte créés à cette période. Construits pour répondre à une demande entre 1898 et 1903 et qui se verra couper les ailes à peine quelques années plus tard par le début de la Première guerre mondiale.
Transformé en hôpital militaire comme les autres, il perdra de sa superbe après le conflit et disparaîtra comme les autres avec la fin de la Belle Epoque, le changement des habitudes et la transformation de la Côte d’Azur en station estivale. Oui, tout cela est assez commun. Mais alors, que possède le Riviera Palace qui le distingue des autres et qui mérite d’être raconté ? En réalité tout.
Car le Riviera Palace est peut-être l’exemple le plus abouti du luxe azuréen. Architecturalement déjà. Les plans ont été confiés à Georges Chedanne, surtout connu pour son travail parisien et notamment pour avoir imaginé les Galeries Lafayette du boulevard Haussmann et l’hôtel Elysée Palace (toujours pour la Compagnie internationale des Grands Hôtels).
D’un style classique de la Belle Epoque, il faut surtout retenir l’utilisation importante de marbre blanc, notamment dans le grand escalier. Considéré comme l’un des hôtels les plus modernes de son temps, on y retrouve des banquettes dans les ascenseurs et comble du raffinement, le tramway privé du Riviera Palace était raccordé au chemin de fer à crémaillère reliant La Turbie à Monaco. Il pouvait amener ainsi directement les clients de l’hôtel au Casino du Rocher. Autre particularité : sa vue. Un panorama inégalable sur Monte-Carlo, allant de Saint-Jean-Cap-Ferrat à Bordighera en Italie.
UN JARDIN EN HIVER
Mais ce qui différencie le Riviera Palace de tous les autres, qui en fait un véritable patrimoine de la Côte d’Azur, c’est son jardin d’hiver. Sous une magnifique verrière réalisée par les ateliers de Gustave Eiffel, ce sont 900 m2 qui sont dédiés à cette forêt intérieure. Salon de thé « naturel », qui accueillait fréquemment des groupes et des orchestres était un véritable poumon vert de la vie mondaine. Un joyau fabuleux encore intact et que l’on peut toujours visiter.
Car aujourd’hui le magnifique hôtel aux 50 chambres s’est transformé en résidence de copropriétaire. Classé Monument historique en 1989, le Riviera Palace demeure sans conteste le plus beau balcon de la Côte d’Azur.