En cette année du bicentenaire du retour de Napoléon en France mais aussi de son abdication, le Petit Niçois a décidé de s’attarder sur l’un de nos plus surprenants bijoux historiques : le masque mortuaire de l’empereur exposé au Musée Masséna. Un patrimoine entouré de mystères et de polémiques.

Autant le dire tout de suite, cet article sera subjectif, partial et écrit à la première personne. Non que les propos que je vais tenir dans les lignes suivantes soient faux (il y a quand même une certaine rigueur journalistique à tenir), mais cet article traite d’un sujet qui me tient particulièrement à coeur : Napoléon Bonaparte.
Une figure unique dans l’histoire de l’humanité qui fascine ou répulse toujours autant, 194 ans après sa mort (j’ai compté). La preuve en est, il est le personnage historique le plus incarné dans le 7e art (si on oublie Jésus). Un personnage qui malgré la multitude d’ouvrages écrits sur lui et d’enquêtes réalisées sur sa personne, conserve encore quelques mystères. Le plus important reste celui entourant sa mort. Je ne m’attarderai pas dessus, je n’aurai pas assez d’une vie pour traiter de ce sujet.
Non, ce qui nous intéresse aujourd’hui se passe quelques heures après le décès de l’empereur des Français, sur Sainte-Hélène. Il est ici question du masque mortuaire qui aurait été réalisé sur le visage de Napoléon et qui est aujourd’hui exposé dans l’une des vitrines du Musée Masséna de Nice. Un masque qui a une histoire bien particulière.
DE SAINTE-HÉLÈNE À NICE
Ce masque de cire aurait été réalisé dans les premières heures du 6 mai 1821 (le lendemain de la mort de Napoléon) par le docteur Archibald Arnott, l’un des médecins du monarque français faisant partie du régiment anglais stationné à Sainte-Hélène, aurait profité de l’absence des gardes pour faire son oeuvre.
A partir de là les sources divergent, mais quoiqu’il en soit, le masque se retrouve quelques décennies plus tard entre les mains de Napoléon III avant de disparaître une nouvelle fois en 1871 lors de l’incendie des tuileries.
Il refait surface au XXe siècle dans la collection baron Schropp, une riche aristocrate allemand proche de la cour impériale française. Il sera vendu par son domestique à un antiquaire niçois Lucien Ebstein lequel le cédera à un grand collectionneur de l’époque, Alfred Pardee. Sa fille Dolly Lanz-Pardee, réalisera finalement le souhait du baron Schropp en léguant, par l’intermédiaire de l’association, le Souvenir napoléonien, le masque au Musée Masséna.
LA GUERRE DES MASQUES
Fin de l’histoire ? Pas vraiment. Car ce masque aussi beau soit-il n’est que l’un des nombreux masques mortuaires de Napoléon Bonaparte. Outre le masque Arnott (c’est ainsi qu’il est connu) du Musée Masséna, d’autres considérés comme les plus authentiques, sont ceux exposés aux Invalides (dit masque Antommarchi du nom du médecin personnel de Napoléon) et celui présenté à la Malmaison.
Des masques en plâtre très différents du masque niçois mais d’autres masques circulent et sont souvent considérés comme des copies ou des doubles des trois précités. Depuis maintenant plusieurs années, historiens, collectionneurs et experts se battent à coup d’expertises et de contre-expertises, d’analyses et d’archives, pour prouver que tel ou tel masque est le « vrai », ou simplement « pas un faux ». Une guerre de clochers qui n’intéressent que peu, les passionnés (dont je fais partie).
Car vrai ou faux, plus récent ou plus ancien, plus ou moins ressemblant cela n’a pas de réelle importance. La force de ce masque réside dans sa capacité à nous faire voyager et revivre une part de cette histoire extraordinaire, au sens littéral du terme, qu’est l’épopée napoléonienne.
Comme le mémorial de Sainte-Hélène ou encore les « Masses de Granite », ce masque et le débat qui l’entoure, prouvent que 194 ans après sa mort (j’ai revérifié) Napoléon Bonaparte n’est pas près de disparaître.