LE PETIT NICOIS

Maxime d’Aboville : « L’écriture de Jean d’Ormesson est brillante »

Maxime d’Aboville est Napoléon Bonaparte le temps d’une représentation théâtrale intitulée « La conversation ». Cette première pièce de Jean d’Ormesson nous fait revivre la soirée qui a fait basculer la France dans le Premier Empire.


Le Petit Niçois : Vous jouez en ce moment une pièce de Jean d’Ormesson intitulée « La conversation », comment avez-vous été choisi pour cette pièce ?


Maxime d’Aboville : C’est une idée de mon partenaire de jeu Alain pochet. C’est lui qui a trouvé ce texte et qui ma choisi. Il a contacté Jean d’Ormesson et a réussi à avoir un rendez-vous. Un producteur de théâtre nous a fait passer une audition et c’est grâce à ça que nous avons été choisis alors qu’ils avaient en tête des comédiens plus médiatiques tels qu’Edouard Baer, Guillaume Gallienne et François Berléand.


L.P.N. : Que pensez-vous de cette pièce et de son intrigue ?


M.A. : Elle est passionnante, il s’agit du moment le plus incroyable de l’histoire de France. Au lendemain de la Révolution Napoléon Bonaparte est appelé au pouvoir par les révolutionnaires pour sauver la République. C’est à ce moment précis qu’il devient un chef glorifié par son peuple. Il décide alors de transformer la République en Empire et de tout chambouler avec son ministre, Jean- Jacques Régis de Cambacérès. C’est une très bonne idée d’avoir fait une pièce sur cette période phare.


L.P.N. : Pourquoi ce titre, « La conversation » ?


M.A. : En fait, cette pièce raconte la fameuse soirée où Napoléon Bonaparte décida de créer l’Empire. C’est donc la représentation de la conversation entre Napoléon Bonaparte et son ministre.


L.P.N. : Est-ce une véritable pièce historique ?


M.A. : Oui c’est une pièce historique. Tout ce qui est dit par les personnages, sont des phrases que Napoléon ou son consul ont déjà prononcés. Pas forcément lors de cette soirée, des phrases de sa carrière entière ont été prises. Jean d’Ormesson a seulement réduit tout ça à une soirée.


L.P.N. : Avez-vous déjà rencontré Jean d’Ormesson ? Comment est-il ?


M.A. : Oui régulièrement ! Il est aussi sympa qu’on peut l’imaginer. Il a été adorable avec nous, comme un grand-père, délicat, gentil et très content. Il était comme un enfant la première fois qu’il a vu la pièce. Depuis, il l’a revu des dizaines de fois.


L.P.N. : Est-ce qu’il vous a dirigé ou bien donné quelques conseils ?


M.A. : Non il a estimé que le théâtre n’était pas son domaine donc il nous a laissé totalement libre. Mais on a discuté volontiers avec lui et c’était un plaisir.


L.P.N. : L’écriture de Jean d’Ormesson vous plaît-elle ?


M.A. : C’est absolument brillant, il y a tous les éléments pour faire une bonne pièce C’est drôle, touchant et tragique. La situation de fond est très forte, convaincre un républicain de mettre fin à l’empire. C’est une situation dramatique très intéressante.


L.P.N. : Quelles étaient vos craintes avant de jouer cette pièce ?


M.A. : De ne pas être à la hauteur d’un personnage aussi monumental. C’est peut-être le personnage le plus connu de l’Histoire de France. C’est toujours très délicat d’incarner ce personnage, de nombreux autres comédiens l’avaient déjà fait. Mais en même temps, il ne s’agit que de théâtre, je fais du mieux que je peux.


L.P.N. : Est-ce que c’est difficile d’incarner Napoléon ? Comment avez-vous préparé ce personnage ?


M.A. : Pour le rôle j’ai regardé beaucoup de tableaux pour voir sa posture et essayer de le comprendre. J’ai également beaucoup lu sur lui et sur la période pour essayer de comprendre ce qui lui était passé par la tête. De comprendre l’enjeu du passage à l’Empire, ce que ça signifiait.


L.P.N. : Au fond, est-ce que vous pensez que Napoléon Bonaparte était fou ?


M.A. : Oui, c’est certain. Il était très intelligent, rationnel. Il savait que sa vie était en danger à cause du climat délicat. Son but était de graver son passage dans l’histoire. C’est pour cela qu’il a décidé de créer un empire, pour remédier à ce régime fragile. Même s’il était très intelligent, il avait un immense coté mégalo qui l’a conduit à sa perte. Il a franchi la ligne de non-retour en voulant dominer le monde. Il est devenu un peu fou à cause de tout ce pouvoir. Sa dimension mégalomaniaque l’a rendu avide de pouvoir malheureusement.


L.P.N. : Est-ce que votre avis ou vos a priori sur Napoléon ont changé depuis que vous avez découvert et interprété ce rôle ?


M.A. : Oui, j’ai découvert la fragilité de l’homme. C’est là que je me suis rendu compte qu’il est comme les tous les hommes, très lâche et incapable de prendre une décision avec les femmes. C’est très touchant de le voir si fragile. J’ai également réalisé qu’il a fait de très grandes choses pour la France.


Il a sauvé un pays dans un état catastrophique ! C’était impressionnant de voir quel travail il a effectué, c’était une crise bien supérieure à celle que nous vivons. Il a su relancer l’économie et puis il a créé des choses qui existent encore aujourd’hui, comme des monuments, le Code civil, la légion d’honneur et encore bien d’autres.


L.P.N. : Avez-vous un passage préféré dans la pièce ?


M.A. : Je crois que mon passage favori c’est un moment particulièrement savoureux, quand il décrit une crise entre sa femme et sa soeur. Sa compagne avait acheté un châle, mais sa soeur voulait le même. Il est alors pris à partie pour trancher cette dispute. Lui vient alors une colère monstre à cause de ce châle, c’est très marrant.


L.P.N. : Comment définiriez-vous l’Empereur ?


 


M.A. : Comme un visionnaire. Un homme qui a compris les hommes, qui a su gérer son pays et doté une très grande lucidité.


« La conversation » de Jean d’Ormesson
Mise en scène Jean-Laurent Silvi
Hôtel JW Marriott - Théâtre Croisette
Samedi 5 avril – 20h30


Photo : Jean d’Ormesson entouré d’Alain Pochet, Jean-Laurent Silvi et Maxime d’Aboville. ©DR

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