Sans doute l’une des basiliques les plus connues de la ville, Notre-Dame de Nice est un symbole de l’intégration de la capitale azuréenne sur le territoire nationale. C’est aussi l’un des plus beaux monuments réalisé au XIXe siècle dans la cité.

Pour les Niçois, elle est indissociable de l’Avenue Jean-Médecin. Plus qu’un lieu de foi, un emblème. Pour les autres, ce qui interpelle, c’est avant tout sa ressemblance avec sa lointaine aïeule parisienne. Une similitude qui n’a rien d’un hasard... Tout a commencé avec la jonction de deux événements majeurs dans l’histoire récente de la capitale azuréenne. Le premier, c’est l’annexion du Comté par la France en 1860 jusque là sous allégeance du royaume de Piémont-Sardaigne. Un changement « d’obédience » qui va avoir son impact sur l’urbanisation de la ville.
Le second, c’est l’arrivée du chemin de fer à Nice en 1863 et la construction de la gare une année plus tard. Ce nouveau moyen de communication va radicalement transformer le visage de la commune. Une commune déjà connue par les riches hivernants comme une destination balnéaire prisée. Ces derniers s’installant dans ce que l’on peut appeler aujourd’hui « la rive droite » du Paillon (le centre-ville actuel) avaient besoin d’une église. Catholiques pour la grande majorité, ils ne disposaient dans ce secteur de la ville que d’une église anglicane et une autre orthodoxe.
L’évêque de Nice de l’époque, Mgr Jean-Pierre Sola, voit sa demande de construction rejetée par le maire, François Malaussena, plus enclin à investir l’argent public dans les nouvelles infrastructures de transport. Mgr Sola demande alors au Père Alexandre Lavigne de s’occuper du projet. Le religieux organisera donc une grande souscription. Dons, quêtes et ventes de charité sont organisés. Les travaux peuvent débuter dès 1864.
UNE BASILIQUE FRANÇAISE AVANT TOUT
Confier à l’architecte Charles Lenormand les travaux doivent répondre à des critères plutôt précis. Ici, pas de place à l’excentricité. Cette nouvelle église doit s’intégrer au quartier de la gare dans lequel elle est construite (l’ancien nom pour l’avenue Jean-Médecin est l’avenue de la Gare) mais aussi s’adapter au nouveau contexte historique. Pour accélérer l’intégration des nouveaux territoires à l’Hexagone, une politique de francisation est adoptée. Fini l’art roman, place au néo-gothique plus en accord avec l’architecture du reste du pays. Les inspirations proviennent de Saint-Serge d’Angers et évidemment l’église la plus connue de France : la cathédrale Notre- Dame de Paris.
Elle sera dédiée à Notre-Dame de l’Assomption en référence à l’ancienne cathédrale de la colline du Château (aujourd’hui disparu). L’église est inaugurée en 1868 avant d’être achevée. Mais rapidement les ressources commencent à manquer et la guerre de 1870 ainsi que la disparition d’Alexandre Lavigne n’arrangent rien à l’affaire. En 1876, c’est la ville qui devient propriétaire de l’ensemble et qui termine les travaux. Elle sera finalement livrée en 1879. Consacrée en 1925 elle sera élevée au rang de basilique seulement en 1978.
LE ROYAUME DES VITRAUX
Si extérieurement la référence à Notre-Dame de Paris est évidente, le choeur est lui inspiré par l’abbaye Saint-Serge d’Angers. Les deux tours principales sont hautes de 31 mètres chacune. La principale statue extérieure faisant référence à Notre-Dame de la Libération a été sculptée par Gallo en 1944. Mais ce qui fait le charme de cet édifice reste sans doute la qualité de ces vitraux. Plusieurs Maîtres-verriers se sont succédés pour les réaliser : Champigneule, Maréchal et les frères Benoit.
UNE ÉGLISE EN PERPÉTUELLE MUTATION
Ce qui caractérise, sans doute involontairement, la basilique, c’est sa transformation permanente. A la différence de la plupart des édifices religieux qui sont préservés dans l’état de leur conception. Comme si le fait d’avoir été inaugurée en plein travaux avait enfermé le bâtiment dans un cycle sans fin. En effet, les derniers vitraux ont été posés en 1956 seulement, soit près 80 ans après la fin officielle des travaux.
Et encore aujourd’hui, si c’est avant tout des retouches liées à la rénovation des bâtiments (retour aux couleurs d’origines après des années de pollution liée à la circulation sur l’avenue Jean-Medecin) ou à la sécurisation des lieux (arrivée d’un portail) la basilique Notre- Dame semble s’adapter aux nouveaux défis de son temps, solidement implantée à l’avenue Jean- Médecin.