LE PETIT NICOIS

Samy Naceri : En quête d’une nouvelle vie !

A l’occasion de la présentation de la mini-série « A Votre Service », le Petit Niçois a rencontré Samy Naceri, ainsi que le réalisateur et acteur Florian Hessique au Majestic à Cannes. L’occasion pour l’acteur de « Taxi » de parler de sa nouvelle vie.


Le Petit Niçois : Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle série ?


Florian Hessique : Ça s’appelle « A Votre Service », c’est l’histoire de Paul, un chauffeur de VTC que j’interprète, qui n’est pas très malin, c’est un brave type assez fainéant et il va lui arriver plein d’aventures. Et ce Paul a un demifrère qui est gendarme, joué par Samy Naceri. Le duo est assez drôle, avec d’un côté, Paul, devenu chauffeur de VTC parce qu’il n’avait pas de diplômes, et de l’autre côté, un demi-frère intransigeant sur la loi… mais pas le concernant ! C’est-à-dire qu’il s’octroie des passedroits. Il va faire son business en douce mais en même temps il veut faire respecter la loi aux autres.


Samy Naceri : Le mec a le cul entre deux chaises, mais il a un troisième oeil. Même s’il va faire ses affaires illégales, il saura si un conducteur n’a pas sa ceinture… La loi c’est pour tout le monde sauf pour lui.


L.P.N. : Samy Nacer i en gendarme ? Paradoxal, non ?


S.N. : Oui, c’est ce qui est intéressant et drôle, c’est un contre-emploi. Moi qui ai eu pas mal d’histoires avec la justice et la police. C’est intéressant de jouer un gendarme à la De Funès, c’est rigolo. Je prends du plaisir à jouer ça.


F.H. : Samy arrive à s’approprier et à réécrire le texte, parce que c’est du vécu ! On arrive au final à quelque chose de 10 fois mieux. Quand certains se contentent d’un texte simple, lui il apporte son expérience.


S.N. : Oui, j’ai ajouté du jargon policier, « garde av » « filoche » « proc » etc. On peut s’amuser avec tout ça ! Ce n’est pas rigolo quand on le vit en direct mais là c’est intéressant de s’en servir pour l’écriture.


L.P.N. : Comment ont réagi vos proches quand vous avez annoncé que vous jouiez un gendarme ?


S.N. : On a fait une photo pour la promo de la série où j’avais le T-shirt de gendarmerie, j’ai envoyé la photo à des potes, ils ont dit « t’es un malade ! ».


L.P.N. : Pourquoi avoir choisi Samy Naceri ?


F.H. : J’aime beaucoup les contreemplois, j’aime sortir les gens de leurs univers. Samy on l’attend partout sauf dans un rôle de policier. Et puis des grands acteurs comme Samy il n’y en a pas 2 000. C’est quelqu’un qui porte la série, qui la met en avant. Il fait partie du patrimoine des acteurs français. Tout le monde connaît Samy Naceri. Pour moi il fait partie du TOP 10 des acteurs.


S.N. : Je crois que j’ai eu 4 ou 5 vies en fait !


L.P.N. : Qui seront les autres acteurs ou guest ?


F.H. : Il y aura Eric Nolleau, Didier Gustin, Michael Jones etc.


S.N. : On va essayer de faire venir Bernard Farcy aussi !


L.P.N. : Ces pastilles de 2mn, ces mini-sketchs, est-ce un exercice difficile ?


S.N. : Oui, il faut du travail parce qu’en moins de deux minutes, il faut trouver un début, un milieu et une fin. Il faut que ce soit percutant ! Il faut être efficace.


L.P.N. : Depuis le début 2015, Samy Naceri, vous jouez dans une pièce de théâtre intitulée « L’indien cherche le Bronx ». Pourquoi choisir le théâtre ?


S.N. : C’est une manière, pour moi, comme pour les gens qui aiment mon travail, de montrer que j’étais toujours présent, que j’étais capable de jouer sans filet, d’apprendre un texte par coeur, ce que j’ai toujours fait d’ailleurs. Luc Besson nous avait imposé d’apprendre par coeur. Rien ne peut nous arriver quand on connaît son texte. Moi je serai à fond, je serai prêt et opérationnel parce que je connaîtrai mon texte et je pourrai m’amuser avec. C’est aussi un gros défi, puisque c’est tous les soirs, c’est un énorme travail. Il y a des règles de déplacement, des codes que j’ai vite appris. Qu’on soit pas bien, malade ou autre, il faut quand même être au top pour son binôme. C’est une vraie discipline, il nous reste près d’une centaine de dates à faire.


L.P.N. : 2015, nouvelle carrière, nouvelle vie ?


S.N. : Pas une nouvelle carrière, mais disons que le vent a tourné. J’ai d’autres projets, j’ai un film en préparation qui s’appelle « Les Hommes de la Nuit » et qui se passe durant les années de plomb au Maroc…


L.P.N. : Vous aimez bien jouer des rôles de voyou ?


S.N. : J’aime beaucoup oui ! Ça me rappelle mes pères, Gabin Ventura, Belmondo, j’ai une culture cinématographique avec « Le clan des Siciliens », « Le cercle rouge », « Les tontons flingueurs », « Le solitaire »… j’aime jouer les voyous. Delon ou Belmondo étaient merveilleux ! Et puis j’ai pas grandi dans le XVIème. J’étais en banlieue, entre les dealers et les prostituées.


L.P.N. : Vous avez beaucoup de regrets ?


S.N. : Bien évidemment, on a toujours des regrets ! J’aurais pas dû faire ça, j’aurais pas dû marcher avec l’autre… c’est la vie ! On a tous notre croix à porter. Aujourd’hui j’ai 53 ans j’aspire à autre chose. Peut-être que demain il m’arrivera un problème, je vais me retrouver en garde à vue… Mais aujourd’hui j’ai juste envie de reprendre mon métier, parce que j’adore ce que je fais. Je ne me vois pas livrer des pizzas. Je suis là pour jouer.


L.P.N. : Votre fils a arrêté un chauffard qui était en délit de fuite après un accident il y a quelques mois. Vous êtes fier de lui ?


S.N. : Bien sûr, c’est super, je suis fier de lui. C’est flippant parce que des gens peuvent faire du mal à mon fils. C’est un bon citoyen, certaines personnes n’auraient rien fait et pas bougé pour ne pas avoir d’ennuis. Lui, il n’avait pas de permis mais il n’a pas réfléchi à ça. Son amie était en sang dans la voiture à côté, il est allé voir le conducteur pour faire un constat et le mec s’est tiré. Mon fils l’a coursé pour qu’il y ait une justice. Certains policiers ont dit que Julian, mon fils, était un héros. Je suis fier de lui ! Si c’était à refaire je veux qu’il recommence, même si c’est vrai que c’était dangereux.


L.P.N. : Vous faites attention à ce que votre fils ne fasse pas les mêmes erreurs que vous ?


S.N. : Bien sûr, je suis à fond derrière lui ! Pas seulement dans le cinéma. Il sait que je suis là n’importe quand. Pour un conseil, pour n’importe quoi… il connaît les conneries que j’ai faites et les conséquences qu’il y a eu. Il est bien entouré, il a des épaules sur lesquelles se reposer, c’est ça la différence avec moi.


L.P.N. : Essayez-vous d’être irréprochable ?


S.N. : Non, personne ne l’est. On essaie juste de vivre, d’être des bons citoyens, de ne pas déraper. Mais c’est vrai que ça peut partir en vrille très vite. Je fais en sorte d’être irréprochable mais je vis simplement.


Photo : ©LPN

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